BAC18 : Des valeurs plus que du sport
Nous avons presque tous déjà foulé le sol d’une salle de sport sans grande conviction et essayé des machines ça et là sans trop savoir les faire fonctionner. C’est dans un cadre plus familial et convivial que Stéphane partage sa passion avec toutes les personnes qui poussent la porte du BAC 18. Prenez le temps de l’écouter, et il saura vous guider dans votre quête de bien-être et vos objectifs sportifs.
Avant de parler du BAC 18, comment la musculation est entrée dans ta vie ?
Stéphane : Je faisais du foot avant et j’étais un peu fort. Il y a un ami qui est ici, qui s’appelle Philippe Jolivet qui était au BAC et qui m’a dit un jour « Stéph, tu devrais essayer la muscu ». J’en ai parlé à mon père avec qui je faisais beaucoup de choses, et il m’a dit « Pourquoi tu veux faire de la muscu fils ? » J’ai répondu « Je voudrais maigrir » , et il me fait « OK, je viens avec toi ». On s’est inscrit ensemble, si mes souvenirs sont bons, ça doit être en 86 ou 87, je ne sais plus exactement.
Tu avais quel âge à ce moment-là ?
C’était ma dernière année de foot puisque quand j’ai goûté à la musculation, je n’avais plus envie de faire de foot. Voilà. Donc j’ai commencé à faire deux ans ici avec mon papa. Et puis, avec le même Philippe, on est allés à Nevers voir du matériel de muscu pour en faire dans une petite pièce en dehors de la maison familiale. À l’époque, ça coûtait 3 000 francs la totale. Il y avait un banc, un multi-fonctions avec tout un tas de poids, des barres, une espèce de rack sur lequel on pouvait faire du couché, de l’incliné, des squats. Là, j’avais 18 ans. J’en ai fait pas mal d’années là- bas jusqu’à ce que je parte en sport- études à Nantes pour passer mon diplôme.
Le sport fait donc partie de ta vie, comment as-tu choisi d’en faire ton métier ?
J’ai fait des études de biochimie qui ne m’ont servi à rien. J’ai fait ça parce que le conseiller d’orientation de l’époque m’avait orienté là-dessus car je voulais faire de la physiologie. Ça m’intéressait beaucoup. Et au bout du compte, de la physio, on devait avoir deux heures par semaine, une arnaque ! En même temps, j’avais qu’à regarder moi-même ce qu’il y avait, si j’avais été moins bête, j’aurais regardé le contenu de biochimie. C’est pas grave, j’ai étudié tout seul avec différents bouquins et une fois que le Bac était terminé, je suis parti à Nantes pour passer un diplôme d’entraîneur de musculation qui s’appelait le Brevet d’État d’Aptitude à l’Enseignement de la Culture Physique et du Culturisme. Ça, c’était en 91.
Comment prépares-tu ce diplôme ?
Pour la partie scolaire, tu as des cours théoriques qui sont de l’anatomie, de la biomécanique, de la physiologie, de la psychopédagogie et de la méthodologie, c’est très important. Ensuite, il y a l’autre partie, l’entraînement. La musculation représentait six heures par semaine, il y avait aussi de la gymnastique au sol, de la course à pied et les cours collectifs qui ne m’amusaient absolument pas. Il faut pouvoir donner des cours de fitness, step, aérobic, etc…. C’étaient deux années magiques. Déjà, je suis à Nantes, un appart, une moto, une voiture, l’océan à trois quarts d’heure, tout un tas de potes qui étaient dans le même trip, et des études qui me plaisaient.
Comment fais-tu ton retour à Bourges, et surtout au BAC ?
On m’avait téléphoné alors que j’étais à Nantes pour savoir si la place m’intéressait, pour faire un contrat de qualification que j’ai refusé parce que je n’avais pas fini mes études. J’aurais pu passer le diplôme par un autre organisme, mais j’étais déjà dans mon cursus. Quand je suis revenu à Bourges, je me suis souvenu qu’on m’avait appelé, donc je me suis présenté, par chance, la place était libre, et j’ai été embauché.
À l’époque, je crois que le BAC appartenait à MBDA, c’est bien ça ?
Exactement, ça appartient à MBDA. Il y avait donc 42 activités groupées par l’association du BAC, dont la muscu, qui est toujours une association d’ailleurs. Elle était dirigée par Christian Vattier à l’époque. J’ai été employé comme éducateur sportif au sein de cette association jusqu’en 2000, où Christian a voulu se retirer pour faire ses dernières années à l’aérospatiale. On m’a proposé la direction du club que j’ai refusé parce que ça ne m’intéressait pas plus que ça. Mais on m’a dit « Mais t’as pas le choix, toi. C’est ça ou on ferme » J’ai dit « Je reprends alors ».
Et un jour, tout bascule !
Exactement ! En 2007, MBDA se désolidarise de toutes les activités physiques et sportives. Il ne garde que les activités de type CE, comme l’aéromodélisme, la photo, etc. Toutes ces sections sont rapatriées, nous, on nous dit «Ciao». Avec Muriel, ma meilleure amie et Carlos qui nous aide en acceptant de nouveau la présidence, on refait un club, en quelque sorte, loi 1901, où on garde le même nom. Au lieu de s’appeler « Bac », nous, on s’appelle « Bac 18». À l’époque, « Bac » voulait dire Bourges Athlétiques Club et maintenant, ça veut dire «Body Athletes Club ». Pour la gym, maintenant c’est le BAG Bourges Activité Gym. Deux sections bien différenciées, deux bureaux directeurs différents, etc. Et là, vogue la galère. Muriel met de l’argent dans la caisse de sa poche pour pouvoir rendre la monnaie au gens, on repart à zéro, vraiment, c’est une nouvelle activité complète. On nous laisse les machines, ce qui est déjà très bien et on se débrouille comme on peut, et quelques années plus tard, j’ai pu également racheter les murs.
Le BAC 18, c’est aussi une affaire d’amis et de famille !
Quand j’arrive en 93, il y a une fi lle avec qui ça colle tout de suite. On rigole, on a les mêmes discussions, on se prête les livres. Elle décide de nous inviter, ma femme et moi en Auvergne, au lac Chambon, là où je découvre son mari. On a été reçus comme des princes pendant trois jours. Nous, sous une petite tente, eux dans une caravane. Trois jours magiques. Voilà la naissance de mon amitié avec Muriel, elle est devenue la marraine de mes enfant depuis. Sans elle, rien n’aurait été possible, le BAC ne serait jamais devenu ce qu’il est aujourd’hui. À l’époque je travaillais avec un copain qui a dû partir pour des raisons médicales. Je reprends seul et je fais beaucoup d’heures pendant de nombreuses années. Ma femme accepte, elle m’aide beaucoup, me soutient, mais ce n’est pas forcément évident parce que je suis plus souvent à la salle qu’à la maison. Je vois peu mes filles. Je me souviens d’ailleurs d’une anecdote qui m’a marqué. Ma grande fille vient à la salle pour faire de la musculation et quelqu’un lui demande « Mais tu viens faire du sport ? Tu aimes la musculation ? » Et elle répond « Non, mais comme ça, je peux voir mon papa. » Là, je me suis dit « Tu déconnes, il y a un problème. » Et dès que j’ai pu, j’ai réduit mes heures grâce au badge. Aujourd’hui, elles ont leurs vies, mais continuent de s’entraîner. On partage ça aussi avec mes deux filles, Candice et Laureen.
Comment ça se passe quand quelqu’un se présente pour venir essayer la salle ?
Quand quelqu’un se présente, je l’accueille, on parle un peu de ses objectifs, et je lui fais visiter la salle. On fait toujours une ou deux séances d’essai gratuites, voir si la salle lui correspond, l’ambiance de la salle, ma façon de travailler, le sport en lui-même. Après je m’adapte en fonction des demandes.
Il y a d’abord Monsieur tout-le-monde qui débute en musculation et qui a entendu parler de la salle ou qui a vu de la lumière. Il y a aussi les gens qui sont des accros de la muscu, qui viennent parce que le matériel leur correspond et qui n’ont pas forcément besoin de moi. Il y a aussi le sportif qui veut améliorer ses performances, ceux qui veulent faire de la force athlétique ou du culturisme. Il y a des gens qui viennent aussi pour voir du monde, qui ont envie de discuter.
Quand on vient au BAC, j’essaie de leur expliquer ce qu’est la musculation, comment on peut faire et surtout comment ne pas se blesser. C’est peut-être la première chose à faire. Mais il y a des gens qui n’ont absolument pas besoin de moi et qui certainement connaissent même mieux la musculation. Ça me pose pas de problème. SI je peux aider, on regarde ses objectifs, je lui fais un programme, je l’accompagne dans ses séances, et on commence comme ça.
Tu peux également nous présenter la salle de façon rapide ?
Il y a bien sûr une salle cardio avec différents tapis, steppers, rameurs, vélos, comme dans toutes les salles.
Ensuite, la salle du bas qui est un petit peu plus typée force athlétique haltérophilie, dans la mesure où il y a moins de machines et plus de poids et de barres pour des exercices lourds. Il y a aussi un Belt Squat.
À l’étage, il y a deux salles de machines, une pour les jambes et bas du corps, l’autre pour le haut du corps où il y a tout un tas d’appareils qui permettent de travailler des trapèzes jusqu’aux abdominaux. Et pour finir, il y a une salle libre à l’étage où Phillipe donne des cours tous les soirs de boxe française sans contact.
L’ambiance de la salle, est elle aussi , très atypique.
Quand tu viens t’entraîner, le bonjour à tous les adhérents est obligatoire. Pour les plus timides, un « bonjour » collégial suffit. Ça crée une certaine émulation. Si tu as besoin de quelqu’un pour se mettre derrière toi, si tu lui as dit « bonjour », peut- être qu’il sera plus enclin à venir t’aider que si tu l’as complètement ignoré. Du coup les gens se connaissent, parlent entre eux, rigolent. Ils ont leurs habitudes, ils prennent le café, viennent en groupe. C’est très convivial, et j’aime ça.
Tu accompagnes des sportifs en soif de compétition, mais aussi des personnes qui nécessitent plus d’attention et de temps.
Il y a en premier les sportifs comme Julien et Pauline, qui sont des sportifs aguerris, et qui ont eu l’envie de faire la compétition. Ils ont énormément travaillé pour se préparer, ça a duré un an, puis on est parti ensemble à Saint-Malo. Julien fi nit deuxième, c’est vraiment super, et Pauline fait une première compétition exceptionnelle, même si elle n’est pas retenue dans les cinq premières.
J’accompagne également les personnes en difficulté. J’ai deux petites satisfactions, deux personnes qui ne marchaient plus sont venues à la salle et qui sont reparties sur leurs pieds. C’étaient de belles victoires. Une petite pensée pour Marcel aussi, qui est aveugle et qui est venu de nombreuses années. La salle doit être accessible à tous, et je m’y engage.
J’ai la chance, il faut le dire, d’avoir un réseau d’amis exceptionnels. Il y a Wilfried, Anthony, mon pote Hervé, mais j’en oublie plein d’autres. Nicolas S. qui est génial, Patrice et Yves qui m’ont bien aidé pendant des années à faire des fermetures quand je devais partir plus tôt, Laurent D et Lionel J fi dèle depuis le début, et Claire B. qui m’a suivi depuis Groupama. Sans oublier Carlos notre président qui nous est indispensable, et Quentin qui a accepté d’être trésorier à la place de Guy. Un monsieur que je vais remercier également, il s’appelle Dominique Lienasson. En 2007 lorsqu’on a remonté l’association, il nous a été d’une grande aide, et je pense que sans lui, on se serait planté. Il y aussi Erick et Thomas, qui, à eux deux, m’ont tenu et sauvé la salle en 2012, quand j’ai été malade pendant quelque temps. S’ils n’avaient pas été là, je pense que personne ne m’aurait remplacé alors qu’eux l’ont fait même si ils travaillaient à côté.
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
Boire un café, échanger avec les adhérents, faire un barbecue l’été, partir en compétition, faire un cours de gym ou de boxe, obtenir un programme sur mesure, parler de nutrition, trouver des solutions adaptées à chacun … Toutes ces choses atypiques démontrent la volonté de ne pas s’arrêter qu’au sport, mais d’aller plus loin dans l’humain et le bien-être. Si Stéphane donne de son temps à ses adhérents, c’est qu’il a bien compris qu’ils viennent dans sa salle pour rechercher une toute autre approche de la musculation et du sport en général. Nous vous laissons en juger par vous-même, il ne vous manque plus qu’une tenue propre, une bouteille d’eau et un peu de motivation !
Interview réalisée dans la salle du BAC 18 le 16/09/2023
avec la participation de Stéphane.
Tous droits réservés à l’association Tativu