Calaïse Bicycle : À Deux Roues du bonheur, l’histoire des frères Calaïse
Pour partir à l’aventure, Théo et Eliot n’ont pas eu besoin d’aller à l’autre bout du monde, encore moins en avion. C’est leur passion commune pour le vélo qui les a réuni sur ce projet, des Pays-Bas à la rue Bourbonnoux. Récemment installés dans leurs nouveaux locaux, ils ont su combiner fraternité et entrepreneuriat sur la route du succès, sans dérailler bien sûr. La parole est à Eliot !
Raconte nous comment le vélo a fait irruption dans vos vies à toi et ton frère.
Moi et mon frère Théo, on a grandi entre Bourges et Saint-Doulchard. Vers 13 ans, on a commencé le BMX, et c’est là que sont arrivés les premières pièces cassées, les premiers remontages de vélos, et c’était purement pour notre pratique perso.
En troisième, j’ai fait mon premier stage avec Tony qui tenait Pure Cycle. Il a été hyper sympa et pendant le stage, on a beaucoup échangé, et c’est lui qui m’a orienté vers un Bac Pro Commerce, en me disant que c’était tellement large que je pourrais me spécialiser dans le domaine de mon choix. C’est comme ça que j’ai fait mes études au Lycée Pierre Emile Martin.
Comment fais-tu tes armes avant de devenir pro ?
À cette époque avec mon frère, on récupérait des vélos un peu partout, dans les déchetteries, dans les brocantes, et on les retapait par plaisir, jusqu’au jour où le garage familial de 25 m2 était plein… Là, on a commencé à en vendre un peu pour faire de la place, mais surtout racheter des vélos encore plus sympas. Théo était en BTS Génie Civil, et de mon coté je faisais principalement chauffeur et du montage de vélo à Decath en interim. De là, sont arrivés les premiers voyages aux Pays-Bas, car on ramenait des vélos qu’on ne trouvait pas en France. Pareil, dès que le garage était plein, on a commencé à en vendre, et on a vite vu qu’il y avait de la demande. On a créé notre micro-société en plus de nos activités pour pouvoir gérer notre temps et commencer à se lancer pour voir si ça allait prendre.
C’est comme ça que tu passes d’une passion à un business familial.
C’est ça. Avec Théo, on a commencé par vendre des vélos à Paris sur rendez-vous en déposant des annonces sur Leboncoin, le prix des vélos était beaucoup plus élevé là-bas, du coup ça amortissait notre trajet et on louait des garages pour les stocker en gardant l’atelier à Bourges. Quand on a commencé à gagner de l’argent, on s’est penché sur le fait d’ouvrir à Bourges. Ça remonte à dix ans maintenant, et il y avait beaucoup moins de demandes, et c’était surtout des boutiques de vélos « sport » dans le coin. Nos premiers vélos en vente, c’était des vélos d’occasion, des Français, des Allemands, des Hollandais, des années 60 aux années 90. Dès que ça a marché, on est passé de micro-entreprise à entreprise.
Parle-nous de ta première boutique en ville qui s’est vite agrandie ...
Ça a commencé avec un pote qui avait une broc et qui voulait quitter sa boutique rue Bourbonnoux. C’était cool d’être dans un lieu historique de Bourges, en hyper-centre, on savait qu’on allait toucher du monde. On a vite été à l’étroit, et c’est comme ça qu’on a repris la boutique en face avec les arches, et ensuite la boutique à côté de la première. On a refait pas mal de choses dans chacune, pour aménager selon nos besoins, s’adapter à l’espace. C’était cool d’arriver dans cette rue de voir des vélos à droite comme à gauche, tu savais tout de suite qu’on était là. Le bouche à oreille a très vite fonctionné, on a développé du coup notre gamme avec des cargos et des vélos hollandais.
À quel moment ton frère et toi vous comprenez qu’il va falloir encore évoluer ?
Le déclic du déménagement, c’est fait juste après la Covid, on a eu un pic d’activité avec les gens qui ressortaient dehors, beaucoup se sont remis au vélo, et on avait une file d’attente devant la boutique. On avait aussi un souci de logistique, il fallait sortir et rentrer jusqu’à 60 vélos par jour sans compter les entrées et la vente. En-dehors de l’espace ici, on est à cinq minutes du centre-ville, juste à côté du lac d’Auron, de la voie verte et de la rocade verte, et toujours dans un lieu historique, les Fonderies de Mazières.
Et alors, changement payant ?
On a signé la vente le vendredi soir, le dimanche tout était fait. On a repeint les murs en blanc, fait la mezzanine, posé le plancher… Les potes nous ont filé un bon coup de main ! Maintenant, il y a trois ateliers pour pouvoir travailler et faire plusieurs montages, un coin boutique accessoires et un vrai espace d’accueil et showroom pour les vélos. Le petit plus, c’est l’endroit. On est au calme, entouré d’arbres, avec un véritable espace pour pouvoir tester les vélos. Même pour le stockage, on a des conteneurs juste devant, un parking en construction juste à côté, c’est top !
Après d’un point de vue perso, on a pu s’aménager un espace bureau et un coin détente-cuisine, le lieu est chauffé et climatisé, c’est hyper lumineux, et on peut ouvrir en grand tout le shop.
Le Shop a lui aussi pris un nouveau virage ?
On s’est orienté maintenant sur les vélos électriques et les vélos atypiques, comme les cargos, les tandems, les longtail. C’était toujours sympa de vendre un vélo original, si la personne se balade avec dans le coin, on a plus de chance d’avoir du monde qui va venir au shop par curiosité ou voir un vélo, alors que quand on fait une vente, par exemple sur Brest comme c’était le cas il n’y a pas si longtemps, c’est moins sûr que ça nous rapporte des clients fidèles au vu de la distance. C’est plus rare, mais on a quand même du monde en Bretagne, l’île aux Moines, Lille. Pour la partie vélos électriques, on travaille sur des motorisations très fiables, principalement Bosch et Shimano. On propose en neuf des marques telles que Gazelle, Babboe ou encore Yuba. Concernant l’ocassion, nous allons avoir des offres de VAE reconditionées de toutes marques confondues, tout en restant sur les motorisations évoquées.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Calaïse Bicycle, quels sont les services proposés par toi et ton frère ?
On essaye vraiment d’apporter des conseils et un suivi de service à nos clients. Le shop est très diversifié, il y a la vente de neuf comme de l’occasion, tu peux tester les vélos sur place, faire faire l’entretien, de la petite à la grosse réparation, commander des pièces, t’équiper en accessoires. Tout ça c’est venu en regardant ce qui se faisait des les shops aux Pays-Bas, l’agencement de leurs boutiques, les services proposés, et on a bien vu que là-bas, même une grange aménagée en atelier amenait beaucoup de monde. On a une partie location également pour les touristes qui sont de passage dans le Berry.
Comment tu décrirais le milieu du vélo aujourd’hui par rapport au shop ?
C’est vraiment cool, les gens qui viennent sont souvent là pour des achats plaisirs, le contact est sympa. Aujourd’hui, on a pu prendre une alternante, Blanche, et ça nous permet entre les réparations, la vente et les tests, d’accueillir plus de monde et d’être plus disponible. On a réussi à garder ce coté plus des déplacements aux Pays-Bas où l’on tombe sur certains shops impressionants, des collections de particuliers improbables ou encore des étapes de trajets plutôt cool comme des traversés de fleuve en bateau avec notre camion rempli de vélo au milieu de la campagne hollandaise. On s’est beaucoup inspiré de ça pour monter le shop, comme la bibliothèque à vélo sur le mur, c’est un ami qui nous l’a fait sur mesure.
C’est aussi cool maintenant de travailler avec des locaux, il y a les Mystères de Bourges qui roulent avec deux cargos de chez nous, on gère aussi des vélos en interne pour des boîtes locales, la maison des jeunes d’Asnières, le Muséum, avec la ville et CycloPlus, et d’autres que j’oublie, c’est sûr.
Le dernier plus, c’est le pôle BMX France au CREPS de Bourges, ça nous permet d’accueillir pas mal de jeunes intéressés en stage et d’accueillir la nouvelle génération.
C’est quoi l’histoire derrière le nom et logo de Calaïse Bicycle ?
Calaïse, c’est notre nom, avec un i tréma, même si la plupart des gens disent «Calaise» ou «la Calaise». promis on ne vient pas de Calais ! C’est drôle aussi de voir les gens au téléphone dans le shop, quand ils disent qu’ils sont ici, on attend toujours de savoir comment ils vont le prononcer. Mais on n’est pas les seuls, y’a aussi Axel qui tient la frippe, le KRSHT Club, ça aussi faut savoir le prononcer.
Pour le logo, on a gardé le même depuis nos débuts. C’est un pote Alex ( qui n’est plus à Bourges ) qui nous l’a fait. On lui a demandé de mettre une couronne de vélo dans le logo, enfin un plateau de vélo. On lui a envoyé des photos de ce qu’on aimait, et c’est lui qui l’a intégré au logo.
Se lancer dans le commerce local, c’est finalement une histoire de famille chez toi !
Ma mère tient la boutique Plume à Bourges qui vient de déménager rue Coursarlon, et mon père tient anciennement les Trois Cuillères, et maintenant renommé à sa reprise l’Oeil dans le Retro, qui est donc devenu une brocante.
La vente la plus inatendue.
C’est le truc imprévu, le gars qui vient chercher un colis ( oui parce qu’on fait aussi relais colis ), et qui repart avec un vélo.
La non-vente la plus inatendue.
Quand on était rue Bourbonnoux, on a un client qui est venu pour acheter un vélo électrique. C’était un cadeau pour sa femme, il nous raconte l’histoire, et à un moment, je tilte quand il dit son nom. Elle avait déjà commandé le même vélo chez nous, elle attendait juste qu’il soit livré. Bon, il a dû trouver une autre idée je pense.
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
Quand on lit cette interview d’Eliot, la première remarque que nous nous sommes faite, c’est que même si c’est le seul à avoir été interviewé, le pronom utilisé dans toutes ces phrases est « on ». Même si Théo était parfois au bureau ou juste derrière dans l’atelier, cette histoire s’est écrite à deux, et Eliot a su parfaitement raconter cette aventure pour deux, sans jamais délaisser son frère ni garder les lauriers pour lui. C’est le genre de parcours, mais aussi d’être humain, que l’équipe de Tativu aime rencontrer et mettre en avant. Le shop est terrible, leurs conseils sont tops, les vélos sont super, et ce business authentiquement berruyer devrait servir de modèle pour beaucoup, transformer sa passion en métier.
PS : encore merci les gars pour vos conseils et votre coup de main pour le bi-porteur !!
Interview réalisée dans le shop Calaïse Bicycle le 24/01/2024
avec la participation d’Eliot ( et de Théo dans le fond de l’atelier )
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