Le Petit Pop-Corn aux (très) grandes idées
Quand on parle de pop corn, on pense salle de cinéma, salé ou sucré, petite ou grande boîte. Emmanuel et Louise ont fait un tout autre pari, celui de transformer ce produit que nous connaissons tous en une véritable confiserie surprenante et raffinée. Savoir-faire authentique, production écologique et créativité sont de rigueur dans cet atelier de passionnés.
Quelles sont les sucreries de ton enfance ?
Emmanuel : J’ai goûté beaucoup de sucreries quand j’étais plus petit parce que j’adorais ça. Ma grandmère m’a pas mal aidé à en découvrir parce qu’elle en avait souvent dans ses placards, dans lesquels il y avait beaucoup de choses à goûter. Et puis pour la petite anecdote, les mercredis après-midi quand je ne savais pas quoi faire je prenais mon vélo et je faisais des kilomètres pour aller à l’épicerie la plus proche et revenir avec mon petit sac de bonbons. Donc on peut dire que dès le plus jeune âge j’ai adoré les sucreries, c’est quelque chose qui me plaît.
Quel est ton parcours avant de partir à la conquête des chaudrons à Popcorn ?
On peut dire que je ne faisais pas partie du peloton de tête à l’école. Je me suis orienté vers un BEP et un BAC pro commerce. Ce n’est pas ce que j’ai fait par la suite en sortant de mon BAC. J’ai donc fait pleins de petits boulots et j’étais également guitariste pendant plus de quinze ans.
Comment te vient l’idée de Cocoripop ?
Avec Louise, ma compagne, on avait la volonté de revenir à la ferme familiale parce que mon papa est agriculteur en BIO dans le sancerrois. On voulait un retour aux sources, un retour à la terre, et on a commencé par une safranière, puis faire des produits dérivés du safran, des produits transformés. Notre première création est un bonbon au safran, c’est comme ça qu’on en est venu à travailler le sucre, la caramélisation. C’est là qu’on s’est rendu compte que c’était quelque chose qui nous plaisait énormément. On a réfléchi à ce que l’on pouvait faire, et l’idée est venue d’aller plus loin dans le concept et de continuer la caramélisation autour d’autres graines liées à l’agriculture notamment le maïs donc le Popcorn, les noisettes, les amandes, enfin tous ces fruits secs et ces graines qui pouvaient être liés pour en faire des confiseries.
Justement, parle-nous de Louise et de son implication depuis les origines de Cocoripop.
On a monté le projet tous les deux avec Louise, elle a beaucoup aidé pour l’élaboration des recettes. À la base, elle est fan de pâtisserie, elle a une très grosse culture gastronomique, cela nous a permis d’aller plus loin dans nos démarches et de pousser vraiment les recettes à leur maximum de ce qui nous semblait le plus juste, le plus équilibré. En plus de tout ça, elle participe à la préparation des commandes, au conditionnement et sur la partie administrative de l’entreprise. Moi, je suis plus sur la partie production et démarches commerciales.
On a commencé à deux, aujourd’hui on est une équipe de 6 personnes, ce qui permet de vraiment créer des postes sur mesure par rapport aux demandes de l’entreprise.
Comment as-tu procédé pour tester et valider les recettes ?
Pour les recettes, on passe beaucoup de temps avant de les valider à faire des essais en cuisine. Pour te donner un ordre d’idée, pour valider notre recette de Popcorn, on a dû faire à peu près 100 essais avant d’arriver au résultat final.
Bien sûr les premiers testeurs sont la famille et les amis. Les premiers goûteurs ce sont eux. Et puis Louise qui a de grosses connaissances en terme culinaire nous permet de pousser plus loin les recettes avec des alliances de goût, des équilibres qui sont propres au code de la gastronomie française. Une fois qu’une recette nous paraît correcte, on la valide, on crée le packaging, les étiquettes, tout ce qui va autour et puis on la lance en production, et on peut la proposer à nos clients.
Maintenant que tu as l’idée, le concept et les recettes, comment commercialisestu tes produits ?
Nous attachons une grande importance au packaging donc on a réfléchi avant de lancer toute notre gamme quel type d’emballage on allait utiliser. Nous avons commencé à travailler avec Antoine notre graphiste (il se reconnaîtra) qui a fait un super boulot en terme de visuel, on travaille depuis le début avec lui et une illustratrice qui nous fait toutes les gravures. Une fois qu’on valide le visuel on travaille avec notre imprimeur local, l’Imprimerie Notre-Dame qui fait un super boulot en terme de conseil, de réalisation et de façonnage pour faire tous nos cavaliers et nos étiquettes liés au packaging de Cocoripop. C’est vraiment un travail d’équipe, la réflexion visuelle, la réalisation graphique et la production imprimée.
Ensuite, pour la commercialisation on travaille essentiellement avec des épiceries fines. On a commencé à travailler en local avec des magasins bio, des épiceries fines, des cavistes et magasins de producteurs, vraiment en local. Après, petit à petit, on élargit notre champ d’action au régional et maintenant on commence à travailler de plus en plus avec des épiceries fines un peu partout en France et même avec des pays limitrophes. On propose aussi depuis peu, la vente en vrac pour les professionnels.
D’où vient ton implication dans la production locale et bio ?
Mon père était agriculteur en bio depuis un petit bout de temps et ce sont des valeurs que je partage avec lui, qu’il a su nous transmettre. Le résultat est quand même là, on s’est très vite rendu compte qu’à partir du moment où on est passé en bio, il a fallu très peu de temps pour que dans les champs, il y ait une biodiversité plus importante qui se crée, ça a permis de renforcer encore plus nos convictions. On trouve ça très important de ne pas rajouter de produit dans notre alimentation, ça n’a rien à faire là.
Et pour le local, de vouloir rester sur place, de toujours travailler avec une majorité de producteurs locaux, tant que c’est possible en tout cas, ça a du sens. On essaye au maximum de soigner nos matières premières avec le travail d’agriculture qui est fait au plus proche de l’atelier, pour notre impact environnemental, et puis tout simplement dans les relations humaines, de pouvoir dialoguer facilement, simplement, de pouvoir voir sur le terrain comment est planté cet arbre, comment il pousse, quelle est la démarche du producteur ce sont des choses essentielles pour nous.
Cocoripop s’est fait un nom dans le local comme au national, raconte-nous comment tes Popcorn ont su conquérir les coeurs et établir des connexions fortes avec les consommateurs.
Alors oui c’est vrai, on ne pensait pas que nos petites créations allaient rencontrer un tel succès. On est très heureux et reconnaissant que notre travail ait trouvé son public, ses clients.
On a osé faire des choses inimaginables comme se présenter au concours des Epicures à Paris qui nous a permis de remporter une médaille d’argent. Il y a une présélection d’un jury dont par exemple le directeur des achats de la Grande Épicerie de Paris, François Régis Gaudry qui est chroniqueur sur France Inter donc on va dire des gens qui ont un peu de palais quand même. Après sur place on expose nos produits, il y a 400 professionnels du monde de l’épicerie qui viennent et font leurs choix. On a été surpris quand on nous a appelé au micro et qu’il a fallu monter sur scène pour recevoir le prix, c’était vraiment une joie. Super content d’avoir pu participer et doublement content d’avoir été récompensé.
Le retour dans la voiture a dû être chouette !
Ouais, c’était génial, c’était vraiment génial. C’est une vraie reconnaissance de l’extérieur, en plus de la clientèle. Ça nous a ouvert des portes et donné un coup de projecteur. À partir de là on a commencé à travailler de plus en plus avec des épiceries fines dont des grands noms comme la Grande Epicerie à Paris et c’est vrai que pour nous c’est une grande satisfaction, c’est le fruit de notre travail. On a vraiment travaillé, on s’est souvent remis en question aussi sur ce que l’on faisait, on a de grandes réflexions sur ce que l’on va faire aussi, c’est un tout qui nous a permis d’en arriver là où on est aujourd’hui. Je pense qu’il y a une partie de réussite qui nous dépasse un petit peu mais il y a aussi une grosse partie de travail.
Cette vague de travail a porté ses fruits, aujourd’hui tu as déménagé ton entreprise pour plus grand, avec du matériel sur mesure, raconte-nous cette aventure.
Alors oui, avec les demandes qui se font de plus en plus grandes on a dû déménager nos locaux. On commençait à être à l’étroit à Feux dans la ferme familiale où se trouvait notre premier atelier qui a duré 4 ans, et maintenant on a déménagé à Bréçy. On a trouvé des locaux beaucoup plus grands qui nous ont permis de racheter du matériel en adéquation avec la demande d’aujourd’hui. Ça implique de revoir toute notre organisation, mais ça nous a permis aussi d’agrandir l’équipe. On est situé proche de la nationale, la route passante de la Charité, à Bréçy ce qui nous permet aussi de nous rapprocher de la ville de Bourges et d’être plus près de notre clientèle. Bien sûr, malgré le déménagement et les nouvelles machines c’est toujours de la fabrication manuelle, du fait main, il n’y a pas d’automatisation. Cela reste une entreprise artisanale mais on a du matériel qui nous permet de faire plus de volume.
Pour terminer, je sais que tu as un nouveau projet pour la suite de Cocoripop qui vient de voir le jour.
Oui c’est exact, on vient d’ouvrir notre boutique attenante à l’atelier. On peut y retrouver tous nos produits ainsi que des produits locaux, des produits d’épicerie fine, mais également quelques exclusivités. Et puis sans oublier notre nouvelle gamme qui va sortir spécialement pour Noël. Bref, on a encore du travail.
Quelle est la recette que tu as essayé qui n’a vraiment pas marché ?
J’en ai essayé beaucoup qui n’ont pas été concluantes, peut-être une recette de nougat qui n’a pas vu le jour parce que ce n’est pas notre corps de métier à la base, mais on réessaiera à un moment donné je pense.
Quel est ton meilleur souvenir avec Cocoripop ?
Notre meilleur souvenir avec Cocoripop, et je pense que Louise partage ça avec moi, ce sont les concours des Epicures. C’est quand même quelque chose d’assez énorme pour nous, les petits provinciaux, avec notre fabrication artisanale qui débarquent à Paris et qui arrivent à revenir avec une récompense reconnue au national, c’était quand même un super souvenir et une belle valorisation de notre travail.
Plutôt Popcorn sucré ou salé ?
Nous, évidemment, sucré ! On a une confiserie c’est le coeur de notre métier, le travail du sucre.
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
Vous l’aurez compris, cette interview nous tenait à coeur pour deux raisons, tout d’abord c’est la toute première réalisée par l’équipe de Tativu, mais également parce qu’Emmanuel et Louise représentent tout ce que le journal de Tativu veut mettre en lumière, des acteurs locaux passionnés et engagés, accessibles et profondément humains. N’hésitez pas à les rencontrer dans leur atelier situé à Brecy, sur les marchés de Noël et foires gastronomiques locales, mais également sur leur site internet cocoripop.fr et leurs réseaux sociaux.
Interview réalisée dans l’atelier de Cocoripop le 03/08/2023
avec la participation de Emmanuel Dupuis
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