Un jardin en cache un autre entre St Doul’ et St Eloy
Un duo de jardins a attiré notre attention et notre sensibilité : Il y a 2 ans, un coin de verdure a éclos à Saint-Doulchard, apportant avec lui la fraîcheur et la beauté de la nature en plein cœur de la ville. « Comme au Jardin », un fleuriste créé par le fondateur des célèbres « Jardins de St Eloy » de Saint-Eloy-de-Gy, qui a rapidement su se faire une place. Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter l’interview de William, le gérant passionné de « Comme au Jardin », qui nous dévoile les coulisses de cette boutique florale et partage sa vision pour allier tradition et innovation.
Vous vous présentez William ?
Je suis originaire de Chartres, dans le 28. Je vais sur mes 27 ans. Ça va faire 10 ans que je suis fleuriste. J’ai commencé par un CAP, ensuite un BP. Je suis arrivé à Bourges pour raison personnelle, j’ai déposé mon CV aux Jardins de Saint-Éloy, qui avait comme projet d’ouvrir une boutique juste après. Donc, je suis arrivé pile au bon moment, finalement, tout de suite pour l’ouverture. Ça fait deux ans que le magasin est ouvert.
Après les Jardins de St Eloy, pourquoi ce développement ?
C’est Stéphane Frère, qui est le fondateur de la boutique et des Jardins de Saint-Éloy. Ça fait 25 ans, qu’il est installé là-bas. En fait, il lui manquait cette corde à son arc, on va dire. Là-bas, il fait le faucardage, donc nettoyage des étangs, des mares, paysage, maraîchage, pépinière, horticulture et donc du coup, il ne restait plus que fleuriste finalement. Et comme on avait une collègue au jardin de Saint-Éloy qui était fleuriste de métier, elle a poussé un petit peu le truc et finalement, est arrivé ce projet.
La boutique a été bien accueillie par les habitants de St Doulchard ?
Bien ! Il n’y a pas eu de pub de faite, mais c’est fait pour, parce qu’on s’est dit : La curiosité des gens, c’est la meilleure des choses. Donc, le bouche-à-oreille a super bien fonctionné. Après, nos collègues de Saint-Éloy ont appuyé. Aux clients qu’ils connaissent bien, ils ont pu dire qu’il y a un magasin qui s’est ouvert ici. Donc, ça a été apprécié. Il y a eu des bons retours. On a développé le distributeur aussi.
Oui, c’est un super service ! Ça plait ?
C’est très, très apprécié. Le distributeur, est accessible 7jours sur 7, H24. Même si on est ouvert, s’il y a un client pressé, c’est top pour aller vite. Au client qui travaille très tôt le matin ou qui finit tard le soir, la petite surprise, bim, le distributeur. Donc c’est vraiment un plus formidable. Au niveau des clients, que ce soit les jeunes ou des personnes un peu plus âgées, ils apprécient la chose.
Est-ce que vous avez des spécialités ?
On n’est pas spécialisé. On est vraiment fleuristes-artisans, donc on crée nos propres bouquets. On n’a pas de bouquets typé magasin, ça va être en fonction des fleurs qu’on va avoir. On reste toujours dans les mêmes tarifs pour avoir une accroche pour le client. C’est vraiment le côté artisanat qu’on veut mettre à l’honneur, on touche tout le monde dans tous les secteurs. On essaye d’être au plus juste pour les clients et d’être au plus proche de ce qu’ils demandent.
On est intrigué par la verrière là. C’est pour faire joli ?
C’est vrai que c’est intrigant parce que d’habitude, les fleurs sont cachées ou du moins, c’est dans la boutique. Tandis que là, c’est un petit peu plus loin, mais ça fonctionne bien. C’est une verrière climatisée, on n’est pas sur une chambre froide, donc c’est vraiment un air frais. ça permet de garder nos fleurs un petit peu plus longtemps et aussi d’éviter les chocs. S’il y a un client, par exemple, qui va prendre une fleur ou deux, et les manipuler, ce n’est pas bon. Donc nos fleurs en verrière sont à l’abri des manipulations et des chocs thermiques. Tout ça pour garantir la conservation, on peut garder les fleurs une bonne dizaine de jours facilement grâce à un temps d’adaptation, elles se sont habituées à une chaleur progressive.
C’est un véritable atout cette verrière ?
Bien sûr ! La conservation des fleurs est un vrai combat pour nous, fleuriste, et on essaye de toujours pousser les idées pour améliorer la chose. Certaines fleurs, on va les garder 15 jours facile et d’autres, ça va être une durabilité de trois, quatre, cinq jours maximum. La pivoine, c’est un produit qui est fard en ce moment, c’est la fleur de saison, mais c’est une fleur qui s’ouvre vite. Étant donné qu’elle est en verrière, on la garde un petit peu plus longtemps. Donc c’est une très bonne chose.
En 10 ans de métier, est-ce que vous voyez un changement de mentalité des clients ?
Oui, les clients vont être intrigués par cette fleur-là parce que c’est la fleur de saison, donc ils vont changer un peu de la traditionnelle rose par exemple. Il y a des gens qui sont très curieux et qui demandent à avoir des fleurs qui sortent un peu de l’ordinaire. On dépend de beaucoup de choses, de la mode. Il y a des années où ça va être telle couleur qui va se vendre le plus et d’autres années, une autre. Pour faire le métier de fleuriste, il faut être extrêmement ouvert.
Les tendances, elles se font à partir de quoi ? Des réseaux sociaux ?
Le monde aujourd’hui est hyper connecté. Il y a certains clients qui viennent nous voir : «Est-ce que je pourrais avoir ce type de bouquets ?» Ils nous montrent tout de suite une photo d’Internet. Après ils nous disent : «Avec les fleurs que vous avez en magasin». Et puis on dit si c’est possible ou pas. Pour notre métier de fleuriste, il faut suivre les tendances et rester informé. On ne peut pas se contenter de rester aux bouquets de base, il faut s’ouvrir sur les couleurs, les bouquets types qui peuvent se faire aussi. Mais après, il faut imposer son style aussi.
Dans chaque bouquet, il y a un bout de vous ?
Oui, oui. J’essaie, en tout cas dans mes bouquets, de transmettre ma patte, de dire : Oui, ce bouquet-là, ça vient de ces fleuristes. C’est ça, j’essaie de montrer mon Identité.
Comment s’est fait le choix du lieu ?
La proximité avec Les Jardins de St Eloy, c’était important quand même. On a un bon emplacement, un grand parking, donc ça joue beaucoup. Les clients savent que l’on a de la place, l’avenue est très passante et le Bâtiment était neuf.Donc, en termes de travaux, il y avait juste la verrière, la chambre froide à faire derrière et puis remettre le magasin au goût du jour et puis le remettre au normes.
Etre dans une zone commerciale, c’est pas gênant pour créer une relation ?
Le distributeur est là pour les clients qui ont moins de temps. ils savent qu’ils ont un bouquet tout de suite. Mais après, on a énormément de clients qui viennent nous voir pour créer leur bouquet et avoir notre pâte et notre savoir-faire. Donc, on recherche vraiment le contact avec le client, on essaye de le faire ressentir, en tout cas. C’est ça aussi le métier de fleuriste, savoir vendre, savoir démarcher le client sans être trop oppressant.
Racontez-nous une demande atypique
On a eu une demande : «Je me marie dans une heure, il me faut un bouquet». Ok! «Sachant que j’ai 30 minutes de route». D’accord. Là, il faut sortir un bouquet de mariée en 15 minutes !!
D’où vient votre passion ?
La passion, c’est ma grand-mère qui me l’a transmise parce que quand j’étais plus petit, elle avait un grand jardin avec plein d’animaux, puis plein de parterres de fleurs, avec une grande quantité de roses. C’est elle qui m’a donné le goût de la fleur, parce que j’étais tout le temps en train de lui faire des petits bouquets avec les fleurs du jardin. Et puis, elle m’a fait visiter une entreprise d’horticulture. J’ai fait un stage là-bas. Et à 15 ans et demi, je commence mon apprentissage.
C’est toute votre vie ?
Je suis un grand passionné de nature. Même après mes journées de travail, le soir, je suis encore une heure ou deux heures dans mon jardin. Les week-ends, je vais faire des salons de fleuristes, des jardins de plantes et je vais visiter des domaines. Je ne m’arrête pas qu’à mon métier, c’est vraiment une passion de tous les jours. Je suis un grand passionné de plantes, de fleurs. Je collectionne.
Vous collectionnez quoi ?
Les orchidées, les phylodendrons, j’en ai quelques variétés à la maison. Je viens de déménager, j’ai une maison avec un jardin, donc je suis en train de faire tous mes massifs.
Je ne vis pas mon métier comme une contrainte, pas du tout. C’est un grand, grand plaisir quand j’ouvre la boutique, que je viens mettre la clé dans la serrure. Ça va être une bonne journée !
On veut bien un max d’infos sur les orchidées...
C’est une plante qui vient des îles, de Malaisie, de Thaïlande, de l’hémisphère sud, dans des régions très humides. C’est dans des forêts équatoriales, un atmosphère énormément chaud, une forte hygrométrie. Donc, il ne faut pas que ce soit dans une pièce trop chaude parce que l’air est trop sec. Il faut une pièce tempérée et avec un arrosage une fois tous les 10 jours, mais une baignade. Pas la pulvériser ni l’arroser avec une petite bouteille d’eau, ce n’est pas assez. Il faut vraiment la baigner pendant un petit quart d’heure. L’orchidée, elle se gorge d’eau parce qu’en fait, vous avez des spores, c’est des toutes petites bouches sur les racines des orchidées et au contact de l’eau, ça s’ouvre. Mais si elle n’a pas assez d’eau, elle se dessèche plutôt qu’autre chose.
Une fois que les fleurs tombent, si la tige devient jaune, si elle commence à sécher petit à petit, là, on coupe en haut d’un œil. Si elle ne sèche pas, on ne coupe rien.
L’orchidée est cultivée dans l’écorce pour qu’elle ait un bon maintien et pour nous, fleuristes, être vendus. Sinon, à l’état naturel, ça vit accrochée sur les arbres, les branches, les rochers. Et ça aime bien être serrée. Les racines qui ressortent, il faut laisser. C’est vraiment la vie de l’orchidée. Après, c’est toujours mieux de la rempoter parce qu’avec le temps, l’écorce va s’appauvrir, il va se rétracter, il va s’atrophier, donc il ne sera pas aussi riche en humidité, en humus, toutes ces petites matières que l’orchidée va absorber. Donc, la rempoter, tous les trois, quatre ans, ce n’est pas trop mal. Comme ça, ça vous permet de la rééquilibrer.
Même, pour sortir dehors. Moi, toutes mes orchidées sont dehors en ce moment. Après les gelées, vous les sortez dehors parce que l’humidité du soir et du matin est très bénéfique pour les orchidées. Par contre, les mettre en suspension dans les petits paniers, à l’ombre, surtout pas au soleil. Même la pluie, cet été, ça va leur apporter des minéraux, c’est que du plus !
ON Y TROUVE QUOI ?
Arbustes, plantes à fleurs, arbres d’ornement, arbres fruitiers, accessoires, plantes à massifs, plants de légumes,…
DIFFÉRENCE «LES JARDINS DE ST ELOY» VS «COMME AU JARDIN».
Là-bas, ça reste vraiment que les plantes et chez nous, c’est vraiment les bouquets, les compositions. C’est vraiment deux choses complémentaires. Ça reste des métiers différents, mais qui se rapprochent sur certaines choses.
Là-bas ils sont producteurs : tout ce qui est chrysanthèmes, Geranium, et plantes légumières. Ils font tout en bouture sur des pieds de mer, ils repiquent. Même pour notre feuillage, parce qu’à la boutique, on n’achète pas de feuillage. Quand j’en ai besoin, un petit coup de téléphone, ils me cueillent ça ou j’y vais.
C’EST IMPORTANT DE PRODUIRE EN LOCAL ?
Les gens sont attachés au local quand même. Sur cinq clients, on a un client qui va nous demander d’où viennent nos fleurs. Ils veulent savoir. Ils se questionnent. Donc d’être en circuit court c’est intéressant. Et c’est le projet de développer ça et de pouvoir cultiver des fleurs qu’on peut vendre à la boutique. Tout ce qui est petites fleurettes, marguerite, gypsophile, mufliers, glaïeul, gueule de loup, toutes ces fleurs un peu d’été qui sont possibles de cultiver dans notre région.
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
On n’a plus de place malheureusement pour vous écrire tous les conseils transmis par William avec sa passion débordante ! On vous laisse aller le rencontrer et le lancer sur le sujet, il a une connaissance passionnante des plantes et des fleurs qui montre son investissement pour son métier. Les Jardins de St Eloy et maintenant la boutique Comme au Jardin, deux espaces animés par la qualité et la passion du monde végétal pour habiller nos maisons de nature et de couleurs !
Interview réalisée chez le fleuriste Comme au Jardin, le 17/05/2024
avec la participation du gérant William.
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