Day by Day : L’essence du choix, sans gaspillage
Entrez dans un monde où les clichés s’effacent pour laisser place à une expérience de consommation différente. Plongez au coeur d’une boutique de vrac, où les idées préconçues laissent la place à une approche de consommer plus responsable. Découvrez comment, accompagnée du sourire chaleureux de Virginie, cette enseigne façonne une nouvelle manière de vivre et de consommer.
Avant l’ouverture de votre boutique, quelles activités avez-vous entreprises ?
Virginie : J’ai fait plein de choses différentes. Après des études dans l’alimentaire et la nutrition dans diverses villes de France, j’ai commencé par travailler en biscuiterie (en Bretagne) et en boulangerie industrielle (en Alsace), puis à La Poste. C’est dans cette belle région qu’est l’Alsace que j’ai rencontré mon mari Berrichon. J’ai ensuite repris mes études en faisant un DUT Gestion des entreprises et des administrations en un an à l’IUT de Bourges, puis travaillé sept ans dans une PME à Saint-Doulchard, avant de créer mon épicerie. Pour l’anecdote, un Berrichon revient la plupart du temps aux sources.
Quelle a été la motivation principale derrière le lancement de Day By Day à Bourges ?
Un jour je suis tombée sur le livre « La famille (presque) zéro déchet » de Jérémie PICHON et Bénédicte MORET, et ça a été l’électrochoc ! Je me suis dit que notre famille ne pouvait plus consommer comme nous le faisions. A force de recherches pour trouver des solutions de consommation plus responsables, l’enseigne day by day ressortait souvent.
Je suis allée visiter la boutique de Nantes (d’où je suis originaire) et je me suis dit pourquoi pas moi ! J’ai engagé les démarches auprès du réseau en septembre 2018, en mai 2019 je trouvais le local et en septembre 2019 l’aventure commençait .
Jamais je n’aurais pensé être commerçante un jour, je n’étais d’ailleurs pas très à l’aise au début, pas très avenante, certains lecteurs clients le confirmeront peut-être, mais le temps fait les choses. Aujourd’hui j’adore mon métier. Le contact avec les clients, les relations qui se créent, cette proximité qu’apporte le commerce en centre-ville.
Encore tout à l’heure, Claire, une nouvelle cliente qui a emménagé à Bourges avec sa famille cet été m’a demandée si on pouvait se tutoyer. Cela fait 4 ans que l’épicerie a ouverte et j’en ai vu des bébés naître, des enfants grandir. Ils ne viennent pas chez Day By Day, ils vont chez Virginie. Ça vaut tout l’or du monde !
Avez-vous choisi délibérément l’emplacement en centre-ville, dans la rue d’Auron, ou était-ce une simple coïncidence ?
Je voulais être rue d’auron, c’était non négociable ! C’est la rue de commerces de bouche. Je ne suis pas de Bourges à la base, je n’avais donc pas d’à priori sur telle ou telle rue du centre-ville, que je ne connaissais pas encore très bien. Maintenant je ne jure que par ça, c’est important pour une ville. Certaines personnes ne connaissant pas le magasin me demandent si ça fait longtemps que je suis là. Quand je leur réponds « 4 ans », ils disent souvent « ça fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds rue d’auron », je leur retourne « c’est bien dommage car on y est bien dans cette rue ». Quand on a un projet de commerce, ce n’est pas forcément simple de trouver le local qui convient. Je me trouve chanceuse de mon emplacement.
Est-ce que le réseau vous a apporté un soutien lors de la création de votre boutique ?
Oui, on est accompagné par la franchise. On a une formation et ils évaluent si nous sommes aptes à devenir commerçants. Ce n’est pas un métier simple. Ils nous présentent les produits, et nous accompagnent pour transmettre leurs histoires. Parce que ça reste des fournisseurs plus ou moins petits avec qui nous travaillons. Mais parfois, des grands également, comme Lustucru. Je ne les avais pas en référence au départ. Et puis après, c’est pareil, le réseau évolue aussi avec son temps. On écoute beaucoup les demandes des clients, il peut y avoir des produits que nous n’avions pas qui arrivent dans notre réseau après plusieurs demandes des clients.
L’objectif est d’évoluer avec la clientèle, en écoutant les demandes et proposant des produits plus locaux. Depuis peu, je propose des produits en bocaux consignés. Avant le réseau ne l’autorisait pas, le mot d’ordre était « zéro emballage ». Les clients apprécient cette évolution car cela a permis de proposer des produits du quotidien comme la compote, les confitures… pour certains locaux pour les producteurs qui veulent jouer le jeu de la consigne.
Ce réseau représente donc un réel avantage dans le monde du commerce, notamment en collaboration avec les autres franchises du groupe ?
Nous sommes une cinquantaine d’épiceries au niveau national, ça en fait des collègues avec qui je peux échanger facilement si je me pose des questions sur la gestion de mon épicerie.
Nous nous réunissons une fois par an lors de notre convention nationale où on parle chiffres, nouveaux produits, rencontres avec nos fournisseurs… sans parler des soirées…
Donc, vous incluez également des produits locaux dans votre offre ?
En effet, j’ai de la chance, la plateforme travaille avec Sa majesté la graine située à Nérondes, pour le quinoa, les graines de lin brun, le petit épeautre et le mélange du potager.
On a une petite marge de manoeuvre si les produits ne sont pas proposés dans le catalogue produits. C’est bien pour les produits consignés.
Votre boutique demeure peu commune à Bourges et dans la région ?
Oui, je suis la seule boutique à proposer du 100% vrac dans un large rayon de l’agglo de Bourges. Certains de mes clients viennent de Pigny, Le Subdray, Saint Florent et même de Romorantin. Justement si je peux rebondir là-dessus, il y a quand même pas mal de fausses idées reçues sur mon épicerie.
Certains pensent que je ne vends que du bio, d’autres qu’il faut absolument venir avec ses propres contenants ou encore que c’est plus cher qu’ailleurs… Dans mon épicerie vous pouvez y trouver tous les produits du placard, en bio ou en conventionnel, des contenants, sacs ou bocaux de réemploi, sont à la dispositions de tous ! Et pour tous les budgets en quantité à la demande avec des produits de qualité. Je ne suis pas là pour juger comment consomment mes clients mais pour leur apporter une solution plus responsable en leur proposant de limiter les emballages et donc leurs déchets.
Vous venez à l’épicerie sans contenant, pas de soucis, pas de pression ! Faites vos achats sans jugement ! N’hésitez pas à pousser la porte de l’épicerie, je ne mange pas, j’ai de quoi faire à l’épicerie.
Comment se passe la première visite d’un client ?
Pour les curieux, aucune inquiétude, je ne saute pas sur les personnes qui rentrent. Je me renseigne s’ils connaissent le concept de l’épicerie et du vrac. Maintenant, c’est un peu plus ancré dans les moeurs. Et je les accompagne et renseigne s’ils ont des questions, sinon je laisse faire le tour de l’épicerie. Pour les habitués, ils me font peser leurs contenants (boîtes en plastique ou en métal, sacs en tissus ou en papier bocaux…) avant de se servir pour déduire le poids au passage en caisse et font leurs courses tranquillement. Pour ceux venant les mains vides, il n’y a pas de soucis, des sacs en papier ou des bocaux déjà tarés sont à disposition…
Vous avez une partie alimentaire, mais également un espace droguerie ?
Vous trouverez tous les produits du quotidien, de l’épicerie salée, sucrée, des produits de droguerie et des produits d’hygiène. Du dentifrice, des savons liquides ou solides, du papier toilette, de la lessive et produit vaisselle… C’est vraiment des produits prêts à l’emploi que je propose. Pour la lessive par exemple, les clients peuvent repartir avec un flacon plus ou moins rempli, pas de quantité définie obligatoire, c’est un avantage quand on veut tester un produit. Il y a aussi des ingrédients pour faire ces propres produits ménagers, copeaux de savons, bicarbonate, cristaux de soude….
Vous voyez donc les habitudes changer ?
Le concept de l’achat en vrac change les habitudes car plusieurs générations ont connu les supermarchés. Je parle de nos parents et grands-parents. Par exemple, ma grand-mère qui était cadre dans un grand magasin a été contente de l’arrivée des supermarchés à l’époque car ça lui a fait gagner du temps de trouver tout au même endroit. Quand je lui ai annoncé que j’ouvrai une petite épicerie, elle a été réticente et ne m’a pas forcément encouragée. Hélas, elle n’est plus là aujourd’hui pour voir le chemin parcouru de l’épicerie. C’est une question de génération, je suis d’accord et les habitudes changent, doucement mais sûrement. Regardez, en plus, vous voulez de la viande, vous allez en face ou dans le bas de la rue, vous avez le fromager. Après, il y a une question de budget, je suis d’accord. Mais dans ma boutique, vous trouverez de tous les prix. Oui, il y a des produits un peu plus haut de gamme, mais je pense qu’au niveau qualité on s’y retrouve.
Le critère le plus important pour vous dans le vrac ?
L’hygiène, c’est super important dans le vrac. Ici, un bac propre à chaque changement de lot du produit, pour certains comme les flocons d’avoine qui font beaucoup de poussière c’est plus souvent.
On a cette hygiène rigoureuse à tenir. C’est l’image du réseau, du vrac et de mon épicerie qui sont en jeu. Tous les six mois, un audit est réalisé par le réseau pour vérifier la bonne tenue de l’épicerie et voir si les règles sont respectées.
Votre réseau doit encore mener de grandes batailles pour faire progresser les choses ?
Oui, dans les négociations avec les fournisseurs, la notion de quantité et taille d’emballage sont discutées. Aucune utilité de proposer des produits en vrac si c’est pour ouvrir des sachets de 250g, 500g ou 1kg à mettre dans les bacs. Je ne vends pas du vrac pour vendre du vrac, ce serait contre-productif, il y a une vraie démarche derrière, même si il y a encore des avancées à avoir avec certains des fournisseurs.
Quel est la tranche d’âge de vos clients ?
Je vais du berceau, accompagnés de leurs parents, juqu’à une cliente qui a fêté ses 98 ans,
Vos jours d’ouverture ?
Vous pouvez me retrouver du Mardi au Samedi.
Vous êtes dans la région depuis combien de temps ?
Je suis ici depuis maintenant plus de 10 ans.
Votre commerce vous a-t-il changé ?
Au début je n’étais pas très à l’aise, pas très avenante (certains lecteurs clients le confirmeront peut-être) mais le temps fait les choses. Aujourd’hui j’adore mon métier et les clients me le rendent tous les jours !
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
L’équipe de Tativu est ravie d’avoir découvert ce lieu où la consommation responsable devient un art, porté par la bienveillance, le sourire et la joie de vivre de Virginie. Se sentir chez soi dans une boutique n’est pas toujours simple, mais chez Day by Day, ce sentiment s’installe naturellement grâce à une atmosphère accueillante et une gérante passionnée. C’est une véritable invitation à adopter un mode de consommation éclairé et durable tout en se sentant pleinement intégré à une approche humaine et responsable.
Interview réalisée dans la boutique Day By Day le 07/12/2023
avec la participation de Virginie NOEL.
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