Au cœur de l'insertion professionnelle humaine

Si chaque parcours est unique, l’association Entraide 18 l’a bien compris et a adopté une approche axée sur les relations humaines. En tendant la main et en consacrant du temps à chaque individu, l’association accompagne les personnes dans leur réinsertion professionnelle, tout en étant à l’écoute de leurs besoins et de leurs contraintes. C’est la mission qu’elle s’est donnée, transformant ainsi la vie de milliers de personnes grâce à ses actions. Aujourd’hui, Ghislaine Delort, chargée de missions partenariats, nous accueille pour nous faire visiter les lieux.

Ghislaine, on vous laisse vous présenter à nos lecteurs.

Je suis arrivée dans la région il y a trois ans et demi pour des raisons personnelles, mais je connais Bourges depuis 1997, car j’y ai de nombreux amis qui se reconnaîtront s’ils lisent cet article. J’ai commencé ma carrière comme graphiste à Paris, où j’ai travaillé pendant dix-huit ans, dont douze années dans la presse magazine, notamment pour le magazine Saveurs, une revue de cuisine toujours en kiosque. En 2006, j’ai déménagé en Savoie où je suis devenue négociatrice en immobilier durant 10 ans. J’ai ensuite travaillé à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat en Savoie, pour l’ouverture de la Cité du Goût et des Saveurs, puis à la CMA du Cher en tant que conseillère en développement économique pour les métiers d’art du Berry.

C’est à ce moment que vous découvrez l’Entraide 18 ?

C’est ça ! J’ai rencontré d’autres personnes dans mon réseau d’amis qui m’ont parlés de l’Entraide 18 et d’une offre d’emploi avec la possibilité de développer la communication et les partenariats. Lorsque je suis arrivée, j’ai été impressionnée par l’effervescence du lieu. J’ai découvert toutes les actions et les ateliers présents ici. Il m’a fallue un certain temps pour bien comprendre le fonctionnement et le rôle de chaque associations. L’accueil a été très bienveillant, et une fois que j’ai rencontré tout le monde, c’était parti.

J’ai visité les lieux en activité avec les personnes qui y travaillent, mais ma directrice m’a aussi rapidement plongée dans le bain en me demandant d’aider sur des postes ayant des besoins ponctuels, comme tenir le kiosque à légumes pendant deux jours ou conduire le bus à vêtements en l’absence de chauffeur. Cela m’a également permise de mieux comprendre le quotidien de chacun ici et de faire de belles rencontres. 

Les missions qui me sont confiées concernent la communication, les événements, les actions avec nos partenaires, et les relations avec les entreprises pour le retour à l’emploi et les solutions de mécénat.

Pouvez-vous nous présenter le fonctionnement de l’Entraide 18 ?

Le nom commercial est Groupe Entraide 18, c’est un Groupemement d’économie Social et Solidaire comprenant quatre structures. La plus connue est l’Entraide Berruyère, une association loi 1901 créée en 1984 par treize associations fondatrices pour mettre en place un restaurant social. Au fil du temps, elle a développé des Ateliers Chantier d’Insertion, se spécialisant dans divers domaines. Parmi eux se trouve le restaurant d’application, qui forme des personnes à la cuisine, au service en salle et à la prestation traiteur. L’atelier textile est le plus vaste et propose de nombreuses activités : une boutique solidaire ouverte à tous avec des vêtements à petits prix, le tri, le lavage, le repassage et la retouche couture des vêtements, la collecte des box à vêtements dans l’agglo reversées à une association dans le nord de la France. Il y a aussi la gestion de l’Habit-bus qui se déplace dans 15 villages éloignés de toutes commodités et 10 EHPAD, un service de blanchisserie pour entreprises et particuliers, un atelier de couture et un service ouvert aux entreprises pour la sous-traitance et la confection de produits tels que des tote-bags et des tabliers.

Nous proposons également d’autres services comme le second œuvre bâtiment (peinture, plâtrerie, sols souples), le nettoyage industriel, l’entretien des espaces verts, un atelier garage solidaire et mobilité qui offre des services de vidange et de mécanique de première nécessité, ainsi qu’un atelier de maraîchage en bio-dynamie à St Eloy de Gy et à Vasselay.

L’Entraide 18 compte 50 permanents, aussi bien pour les métiers supports que les conseillers en insertion et les encadrants techniques. Notre fonctionnement est organisé autour de notre président François Deschamps, notre directrice Sorana Ruiz, un conseil d’administration et des membres du bureau.

Quelle est la mission de l’Entraide 18 à travers toutes ces activités ?

Ces ateliers chantiers permettent la transition professionnelle par l’activité économique ; les personnes qui travaillent ici sont employées pour des contrats de 4 à 24 mois, sont formés sur chaque chantier, et sont suivies par une conseillère en insertion professionnelle qui les aide à lever les freins au retour à l’emploi, tels que le permis de conduire, le logement, les problèmes de santé, et la reconnaissance de handicap.

Nous accueillons tout type de personnes au sein de l’Entraide 18. Il y a des jeunes de moins de 26 ans, déscolarisés ou non, qui n’ont pas toujours les ressources familiales ou sociales nécessaires, et pour qui nous servons de tremplin pour retourner en formation ou à l’emploi de longue durée. Cela concerne des personnes en situation de handicap des personnes sans activité, des bénéficiaires du RSA, etc…

Tous les quinze jours, le lundi, nous accueillons les personnes souhaitant intégrer les chantiers de l’Entraide 18, mais nous recevons aussi des personnes envoyées par France Travail. Ces personnes ne rentrent pas dans le cadre des annonces standards et ont besoin d’un accompagnement différent. Certaines restent peu de temps avant de s’engager dans la vie active après avoir découvert un métier ici, tandis que d’autres retournent aux études.

L’Entraide 18, c’est aussi un regroupement de plusieurs structures ? 

Dans la continuité de ces activités, nous avons Entraide Emploi, qui fonctionne par CDD d’usage, proposant des contrats limités dans le temps par une mise à disposition de personnel auprès des particuliers avec un crédit d’impôt de 50 %, mais aussi pour les entreprises et les collectivités. La plupart des missions concernent des postes comme agent d’entretien ou pour les espaces verts, et pour les collectivités, cela peut également être des agents de cantine, des agents d’accueil, etc. Pour cette filière, nous avons une antenne à Mehun-sur-Yèvre et une autre à Saint-Florent-sur-Cher.

Ensuite, il y a Entraide Intérim, qui accompagne également les personnes éloignées de l’emploi pour proposer de l’intérim d’insertion, avec une spécialisation dans le BTP, les métiers de la vigne et de l’industrie. Il y a également une antenne à Vierzon.

Pour finir, nous avons une petite pépite appelée Aider la Vie, qui existe depuis très longtemps dans notre structure, et qui propose de l’aide et des services à la personne. En 2023, cette association a permis le maintien à domicile de 685 personnes. Le personnel est formé et accompagné pour ce type de service, apportant une aide précieuse aux personnes ayant des besoins.

La place de l’humain semble très forte dans cette organisation.

C’est sûr ! Depuis 40 ans, l’association s’est donnée pour mission d’apporter une aide à toute personne en difficulté, sans se préoccuper des considérations politiques, philosophiques ou confessionnelles. L’histoire de cette structure est celle de gens venant de tous horizons à la recherche d’aide. Je pense qu’il ne faut pas avoir de préjugés quand on parle de transition professionnelle. Nous avons vu des anciens commerçants qui, du jour au lendemain, n’avaient plus d’activité, des personnes ayant vécu la perte d’un proche, des accidents de la vie… Ici, nous acceptons tout le monde, sans jugement, pour aider au retour à l’emploi et à l’accompagnement personnel.

Nous offrons un accompagnement socio-professionnel individualisé par l’activité économique, mais aussi un soutien pour les besoins sociaux, l’accès aux droits, à la santé, des solutions de garde d’enfants, de mobilité, et la reconnaissance du travail des personnes handicapées.

Nous publions en interne une newsletter qui permet aux nouveaux arrivants de découvrir le parcours et les réussites des personnes qui les ont précédés. Cela nous a aussi permis de réaliser des portraits d’anciens membres, aujourd’hui dans la vie active, qui ont accepté de témoigner sous forme de vidéos pour partager leur parcours.

Il y a eu un évènement important cette année pour l’association, pouvez-vous nous en parler ?

Cette année, nous avons célébré les 40 ans de l’Entraide 18 en accueillant plus de deux cents personnes. Lors de cet événement, nous avons organisé un défilé de mode avec les créations originales de notre atelier textile, des tables rondes sur plusieurs thématiques, dont l’évolution de l’insertion professionnelle et économique, ainsi que des témoignages de partenaires, de bénévoles, de la Banque Alimentaire, du CCAS, du Conseil Départemental, et de la Mairie de Bourges. Nous avons également beaucoup apprécié la présence d’entreprises partenaires qui ont pris la parole sur le retour à l’emploi et les embauches. Nous avons eu la chance d’entendre Monsieur Aliaga, qui nous a raconté son parcours très atypique. Il est venu à l’Entraide à l’âge de seize ans et a commencé à travailler dans une entreprise appelée Générale d’Arachide. Il y est resté onze ans avant de partir pour une autre opportunité professionnelle, puis il a été rappelé par le PDG de Générale d’Arachide pour créer, en tant qu’associé et directeur technique, l’entreprise Initia Food.