Jardi Plus : Remettre au goût du jour la quincaillerie de proximité
Aux premiers abords, on pourrait croire que c’est le cas typique d’un commerce de quartier en fin de vie. La fermeture du supermarché voisin, plus la concurrence des franchises dans le même secteur d’activité, c’est vrai qu’il y a de quoi décourager n’importe qui. Et bien Marc, lui, n’a pas douté du potentiel de JardiPlus. Son objectif, redonner vie au commerce de proximité avec une vraie droguerie : jardinage, aménagement extérieur, produits d’animalerie, pêche, bricolage, plomberie, ustensiles de maison, nettoyage…. Bref, tout ce dont vous avez besoin pour votre maison et votre jardin se trouve ici !
Peux tu nous raconter d’où tu viens ?
Je suis un pur Parisien, j’ai vécu mes vingt premières années là-bas. Mon père était menuisier, il a par exemple participé à la construction du Quai Branly, et ma mère était cheffe de centre de comptage, elle s’est arrêtée de travailler pour m’élever moi et mes deux petits-frères. Depuis tout jeune, j’étais très porté sur les jeux vidéos et les objets électroniques, du coup, je voulais devenir informaticien. Arrivé au collège, je ne savais plus trop quoi faire, les profs voulaient m’orienter vers du général, mais l’école ne me plaisait pas plus que ça. À cette époque, c’est la sortie du film Fast and Furious, et je décide de faire mécanicien voiture. J’ai commencé par un Bac STI, puis un BTS mécanique automobile. À ce moment-là, je rêvais de grosses voitures… Aujourd’hui, je roule en Fiat Punto et je n’y connais strictement rien en mécanique !
On veut savoir la suite maintenant ...
À la fin de mon BTS, mes parents décident de quitter Paris, et nous avons emménagé dans le 41, du côté de Vendôme. La France est en pleine crise financière, et dans le Loir-et-Cher profond, c’est beaucoup moins évident de trouver du travail, surtout en tant que mécanicien. Là, j’ai commencé à être maçon, et crois-moi, je n’étais pas du tout manuel à l’époque ! J’ai finalement appris sur le tas, et pendant cinq ans, j’ai monté des parpaings, fait du placo, du carrelage, de la peinture, etc… Ensuite, j’ai fait de la manutention dans une colonie de vacances, puis commercial en porte-à-porte pour un fournisseur de gaz… Ce job là m’a permis de sortir de ma timidité, car je n’avais pas de fixe, tout était sur la commission. Pour gagner ma vie, je faisais du « one-shot », je frappais chez les gens et il fallait que je signe le contrat en sortant si je voulais gagner ma vie.
Et la fibre du commerce et de ton domaine est venu comment ?
Je suis ensuite parti travailler dans un Brico Pro pendant cinq ans, et c’est là que j’ai choppé la fibre du commerce, celle qui me plaisait. Après cinq ans là-bas, j’ai eu envie de reprendre une affaire. Au départ, ça part juste d’une blague. J’aimais bien tenir mon rayon, former les stagiaires, donner un coup de main aux collègues, j’étais à l’aise. Quand je décide de partir, j’organise un pot de départ avec les personnes qui travaillaient avec moi, et je parle de mon expérience ici. Je dis en plaisantant «vous verrez, la prochaine fois qu’on se voit, je serais patron». C’était juste une phrase comme ça, dans le vent, mais le soutien que j’ai eu à ce moment là m’a fait réfléchir et finalement m’a donné envie.
Pourquoi le choix de Jardi Plus ?
J’ai eu plusieurs occasions, mais je n’ai jamais eu le coup de cœur. Et puis un jour, en cherchant sur Internet, je suis tombé sur JardiPlus, je me suis dit : «Bourges, pourquoi pas ?», et je suis allé voir, sans aucune attente. Il y avait quelques photos sur l’annonce, j’avais regardé sur Street-View à quoi ça ressemblait, mais c’est difficile sans avoir vraiment vu. Au départ, je suis très agréablement surpris. Déjà par la ville, c’est vraiment beau, accueillant, même si on hésite toujours quand on ne connaît pas, et ensuite, par le magasin. C’est difficile à expliquer, mais quand j’ai mis un pied dedans, je savais que c’était bon ! Attention, je ne dis pas que tout allait marcher du premier coup et que c’était facile, mais c’était une boutique sans prétention, qui avait besoin d’un gros coup de dynamisme pour repartir et évoluer, et là, vrai coup de cœur. Et puis en découvrant les rayons et les produits, ça collait super bien avec mon expérience d’avant chez Brico Pro.
Comment tu as lancé le projet de reprise ?
D’abord, tu achètes un paquet de clopes ! Sur le papier, le projet est bien, mais tu te poses beaucoup de questions. Il faut faire redescendre l’euphorie pour avoir la tête sur les épaules, surtout que je n’étais pas le seul à faire une proposition à ce moment-là. Je réfléchis quelques jours, puis je lance la machine. Vient en premier la partie administrative, j’ai dû monter un business plan, faire des études de marché, je me suis inscrit à des formations, puis je contacte les banques pour avoir mon prêt, et l’affaire est lancée. Bon, encore une fois, ça c’est joli sur le papier, mais ce qu’il faut savoir, c’est que je devais rentrer dans les murs en mars 2023, mais le temps de mettre tout le monde d’accord et de faire la paperasse, je suis finalement arrivé le quinze octobre 2023.
Les débuts ont donc été intenses ?
J’ai commencé par une période d’immersion, ça m’a permis de mieux connaître l’entreprise et l’équipe, ensuite signature chez le notaire, et c’était parti, j’avais les clés ! La première image que j’avais quand je suis venu, c’était de me dire que pour la première fois j’allais avoir un bureau à moi, un espace perso pour travailler. Finalement, c’est quelques semaines après avoir repris la boutique, en fermant un soir que j’ai réalisé que c’était à moi, et que je ne m’étais pas encore installé dans le bureau. Je n’ai pas eu le temps d’être euphorique, je suis rentré dedans à fond et c’est un jour, plus tard, que tu relèves la tête et que tu comprends que c’est fait.
Tu as changé pas mal de chose à ton arrivée
Je ne pouvais pas juste afficher le panneau « changement de propriétaire » et me dire que c’était bon, j’avais envie de tout changer et d’apporter ma patte, de me sentir chez moi. J’ai d’abord aménagé mon bureau, puis ensuite, on a été plus stratégique. Réaménager les rayons, voir ce qui allait et ce qui n’allait pas dans l’état actuel, rencontrer la clientèle, parler avec l’équipe pour voir les points à améliorer, établir un contact avec les fournisseurs. Ensuite, c’est aborder les projets à longs termes, remettre un coup de neuf au bâtiment, améliorer et ouvrir de nouveaux rayons… J’aimerais beaucoup développer le local. Trouver des fournisseurs locaux, pour les graines et les plantes, des producteurs aussi dans le rayon épicerie fine.
Pour ceux qui n’auraient encore jamais franchi la porte de JardiPlus
En quelques mots, je dirais que c’est tout ce qui se rapporte à la maison et au jardin. On va permettre aux gens de faire leur jardin de A à Z, que ça soit pour planter, récolter, faire un potager, décorer son jardin et son extérieur avec les végétaux, les graines, les semences, les engrais, les terreaux, les outils, du plus petit au plus grand … Il y a aussi une vraie partie pour les animaux, que ce soit domestiques avec l’alimentation, les paniers, les accessoires, mais aussi les animaux d’extérieur et de basse-cour. Pour la maison, il y a une partie ménage et entretien, une grosse partie bricolage avec des vis, des outils, de la plomberie, un rayon cuisine, mais aussi loisirs avec un rayon pêche. C’est vraiment la quincaillerie/droguerie de proximité de l’époque, avec tous les produits du quotidien, accessibles à tous.
Petite note d’histoire
Au départ, ce lieu est un local de stockage agricole. En 83, c’est le propriétaire d’Intermarché à côté, avant que ça ne devienne Netto, qui a loué le local pour en faire une jardinerie. Il a monté ce projet avec un Monsieur qui a tenu la boutique pendant plusieurs années après. Le fils de ce monsieur, c’est d’ailleurs le patron du Pub O’Brian’s. Ensuite, le propriétaire du supermarché a vendu son affaire et a laissé la jardinerie à sa fille, à qui j’ai racheté la boutique.
Et comment se passe ta relation avec la clientèle ?
Mes expériences passées m’ont permis d’acquérir ce côté sociable et flexible que demande ce genre de commerce. Pour donner un exemple typique, je vais réellement aller vers les gens pour leur demander s’ils ont besoin d’un conseil, pas pour leur vendre quelque chose, mais vraiment pour leur apporter une aide. Ensuite tu sens tout de suite si les gens préfèrent faire leur tour tranquille ou s’ils veulent de l’aide. Ce qui est drôle, c’est aussi la curiosité des gens face au changement de direction.
L’équipe est toujours fidèle au poste
Il était évident que j’allais garder l’équipe. Déjà, parce que Valérie et Agnès ont dédié une grande partie de leurs vies à la boutique, avec trente et trente-cinq ans d’ancienneté, mais aussi pour leur expérience et leur contact avec la clientèle. Elles m’ont beaucoup aidé depuis que j’ai repris dans la démarche à suivre et le bon fonctionnement du magasin.
Et pour ces débuts, tu as déjà eu un petit râté ?
Il en faut toujours un peu, sinon c’est pas drôle. Par exemple, je manque encore d’expérience sur les plantes, et là-dessus, Agnès et Valérie m’aident beaucoup parce qu’elles s’y connaissent hyper bien.
Un jour, un client est venu pour une plante, je lui donne toutes les infos, l’entretien, l’arrosage, l’exposition, tout était parfait. Seul hic, j’ai zappé le nom de la plante… Le client m’a répondu, « C’est vous le nouveau patron ? Qu’est-ce que ça va donner ? ».
As tu déjà un meilleur souvenir ?
C’est un peu tôt pour déjà parler de souvenir. Après, je pourrai dire que ce que j’apprécie le plus, c’est l’accueil et le contact avec les gens, ce lien social est vraiment génial. Aussi, quand tu poses le dernier article dans le rayon, que tu fermes la porte en regardant le magasin le soir et que tu dis « voilà, ça, c’est ce que je voulais », là, je pense que c’est un bon début. Je n’en ai pas encore vécu assez, je pense, mais je compte en vivre plein !
As tu des projets pour l’avenir ?
J’aimerais bien organiser des portes ouvertes sur une semaine, pour faire découvrir aux gens la boutique et les services. Ensuite, c’est de continuer à refaire et à améliorer les rayons, comme le bricolage, les clôtures, et pourquoi pas un jour faire un rayon de motoculture avec un vrai service après-vente et réparation.
Après plus de trente ans d’expérience chacune au cœur de Jardiplus, Agnès et Valérie sont connues et très aimées par la clientèle qui les côtoie et échange avec elles depuis plusieurs années.
Agnès : Tout a commencé par un stage d’école pour suivre une amie qui faisait le sien à Intermarché juste à côté, puis j’ai continué en apprentissage en 88. À l’époque, c’était très festif avec le premier propriétaire, ses amis et les clients venaient boire l’apéro ici, il organisait des concours de boules, les gens jouaient sur le parking, sur les trottoirs, etc… C’était une autre époque. Ce que j’aime toujours ici, et que Marc continue de perpétuer, c’est le contact avec les gens et l’échange. Il a compris que c’était important pour nos clients, que ce n’était pas que de la vente, mais un rapport humain et de service.
Valérie : J’ai commencé à travailler chez Thyssen dans les aciers spéciaux, puis je suis arrivée ici par le biais du premier gérant en 1995. En plus, je connaissais déjà Agnès, on était au collège Littré ensemble. Ce que j’ai apprécié depuis le début, c’est la convivialité. On parle avec les gens, ils nous racontent leurs histoires, on s’habitue à eux. Aujourd’hui, certains nous rapportent des viennoiseries, des petits chocolats, leurs fruits et leurs légumes qu’ils ont fait pousser.
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
Si tout l’essentiel de vos besoins se trouve dans les rayons de JardiPlus, c’est en revanche Marc, Agnès et Valérie qui apportent la bonne humeur et les bons conseils qui sauront vous guider. Avec encore quelques projets sous le coude et toujours l’envie de mieux vous servir, cette boutique à encore de quoi vous surprendre et ravir les gens du coin avec les produits du quotidien.
Interview réalisée chez JardiPlus le 08/03/2023
avec la participation de Marc, Valérie et Agnès
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