Le Rucher Des Brosses : Transformer le bourdonnement des abeilles en mélodie sucrée
À quelques kilomètres seulement de Bourges, cachée à l’abri derrière la forêt d’Allogny, se trouve la superbe boutique du Rucher des Brosses. Si Charles est, lui, toujours fourré dans la campagne berrichonne à discuter avec les abeilles pour concocter le miel le plus délicieux possible, c’est Marine qui œuvre dans l’atelier de préparation, la cuisine et la boutique, pour faire d’une récolte de miel, un véritable succès. Elle nous accorde aujourd’hui un peu de son temps pour nous parler du Rucher des Brosses.
Peux-tu déjà nous dire d’où vous venez toi et Charles ?
Alors moi, je ne suis pas du tout du coin, contrairement à Charles qui est du cru 100% Allogny. Je suis Vosgienne, j’ai grandi en Haute-Savoie, une vraie fille de la montagne ! Mes parents sont crémiers-fromagers, ils tiennent une fromagerie à Thonon-les-Bains.
Comment vous-êtes vous rencontrés tous les deux ?
Avec Charles, on s’est rencontré pendant nos études à Nancy. Lui faisait des études pour devenir ingénieur agronome, et moi pareil en agro-alimentaire, et ensuite, on a fait notre stage de fin d’études sur Lyon. Son cursus était plus orienté vers la protection des cultures, mais tous ces stages ont été axés sur l’apiculture. Quand il était jeune, il a découvert une ruche dans la forêt d’Allogny, et tout de suite ça a piqué sa curiosité. Pendant nos études, il avait déjà une trentaine de ruches. Il a même fait une année de césure pour aller en Nouvelle-Zélande étudier les bourdons, et au Canada chez un apiculteur.
Racontes-nous la naissance du Rucher des Brosses.
Dès notre retour en 2017, Charles a eu l’opportunité de reprendre les ruches d’une exploitation déjà existante, il s’est installé avec ses deux associés, et pendant ce temps moi, je travaillais à la Chambre d’Agriculture. Je me suis vraiment prêtée au jeu de la production avec lui à ce moment-là, et quelque temps après, on a eu l’idée de développer la gamme de produits pour l’épicerie fine. Le nom du Rucher des Brosses existait déjà, c’est Charles qui l’avait créé quand il était apiculteur amateur et qu’il faisait du miel pour les copains. C’est comme ça que j’ai repris la partie Rucher des Brosses, et lui la partie exploitation et production.
Quel est ton rôle au sein du rucher ?
Au tout début, on avait quatre miels : Le printemps, le miel d’été, l’acacia et le châtaignier. À ce moment-là, mon job a été de créer toute la partie marketing, le packaging, l’esthétique de la marque, mais aussi la mise en pot, la préparation, la création de recettes. Avant, j’allais aux ruches, mais il y a un an, je suis devenue allergique aux piqûres d’abeilles… C’est juste une pause le temps de ma désensibilisation.
Et le rôle de Charles ?
Charles lui, il est aux Aix-d’Angillon et s’occupe des ruches et de la production. Tout son matériel est là-bas, son stockage, son matériel pour l’extraction et la mise en fût. Ça représente entre 300 et 350 ruches à l’heure actuelle. Sur l’année, la production est très répartie. En février, tu as la préparation, ensuite jusqu’à octobre, tu as la production, et après, il y a la partie menuiserie pour remettre en état les ruches. Le miel est butiné sur le département à moins de 50 kilomètres, pour sept de nos miels, et le huitième vient de nos ruches en Eure-et-Loir pour la lavande.
Si tu devais nous décrire le processus de production du miel en quelques lignes, ça donnerait quoi ?
En premier, on place les ruches sur des emplacements saturés en fleurs souhaitées. C’est un gros travail en amont pour identifier les bons lieux. Ensuite, on place les ruches au moment de la floraison, puis vient le temps de la récolte. En premier, on « désopercule » pour retirer la cire qui protège le miel, puis on centrifuge, on filtre, et après vient la mise en fût. Il n’y a aucune transformation chimique ni ajout de produit.
Et comment ça se passe dans la ruche ?
La ruche est composée du corps, qui est la zone d’habitation des abeilles, elles pondent et stockent à cet endroit, et au-dessus, la hausse, l’endroit où les abeilles transforment le nectar en miel. Une fois que les abeilles operculent le miel d’une couche de cire, c’est qu’il est prêt.
Production locale et engagée
Il faut savoir que dans les miels, et bonbons, et la majorité des produits, il n’y a aucun ajout de produits transformés ou chimique, pas même de conservateurs. Pour les produits en dehors du miel, on travaille essentiellement avec des produits français !
Ola ola, c’est quoi cette médaille d’argent sur ton pot de miel ?
On a participé au concours général agricole en 2024, c’est le concours du Salon de l’Agriculture reconnu à l’échelle nationale, et on a réussi à décrocher la médaille d’argent! Chaque année, tu as plusieurs producteurs qui participent, et le concept est simple, tu inscris tes produits pour être noté par un jury. On a présenté le miel d’acacia et le miel de forêt, et c’est la Chambre d’Agriculture qui est venue les mettre sous scellé pour les envoyer au concours. À ce moment-là, je suis montée au salon avec le département du Cher, sans savoir si un de nos miels allait être médaillé ou pas. C’était notre première année, vraiment, on testait le concours, mais aussi nos produits. Résultat final, le mardi, on était à un anniversaire avec l’équipe des Sablés de Nançay, et on apprend qu’on a eu le prix ! C’est incroyable parce qu’on était les seuls en miel à avoir reçu un prix en Région Centre.
Où est-ce qu’on peut retrouver tes produits dans le coin ?
On peut retrouver nos produits chez Virginie, dans la boutique Day by Day rue d’Auron, mais aussi au Panier d’Hélène place Gordaine, à l’Artisane chez Marion, aux Sablés de Nançay, au comptoir de Saint-Georges, dans les grandes surfaces locales, et aussi chez Boulanger, car la directrice du magasin vient d’Allogny. Le dernier en date, et c’est une petite fierté, c’est d’avoir été contacté pour être dans la boutique du C’heu l’Zib à Menetou-Salon. D’ailleurs on fait également le marché de Noël là-bas, ainsi que celui de la chambre d’agriculture à Saint-Doulchard, et pourquoi pas une soirée type porte ouverte un de ces jours à la boutique.
On peut dire qu’il y a un vrai travail de produits dérivés autour du miel ici !
On a vraiment essayé de développer la gamme de produits dérivés autour du rucher. Chez les apiculteurs, on retrouve souvent les bonbons, le nougat et le pain d’épices. Même si chacun a sa recette, j’avais envie de créer des produits qui sortent de l’ordinaire. Il y a eu en premier les pâtes à tartiner qui sont faites ici dans l’atelier, avec pour objectif d’apporter un goût unique, mais aussi de remplacer le sucre raffiné d’une recette classique par du miel avec des vertus plus importantes. Ensuite, il y a les granolas, en partenariat avec un boulanger local, les sauces où là, je m’occupe surtout de créer les recettes, les bonbons qui sont faits avec notre miel chez un confiseur, le savon est fait avec une savonnerie du Jura, une gamme de cosmétique développé par Sarah de chez Idoine avec notre miel, et pour finir une bière avec la brasserie l’Aouf à côté de Vierzon, à Saint-Georges-sur-la-Prée.
Attention Spoiler !!
La nouveauté qui va sortir cet été, c’est la sauce piquante au miel. C’est en partenariat avec un pizzaiolo de Clermont-Ferrand qui s’appelle Dadino Pizze qu’on a développé cette recette, à base de miel, de piment et d’ail. Il a aussi une nouvelle recette pour un granola d’été, mais c’est pas pour tout de suite.
Quel est l’évènement qui t’a le plus marqué dans l’aventure du rucher ?
L’événement marquant, c’est en novembre 2021, quand on s’est installé dans la boutique d’Allogny. Avant, j’étais aux Aix-d’Angillon avec Charles, le Rucher n’était pas vraiment dissocié de la production et ce déménagement a été motivant, car ça voulait dire que l’activité commençait à vraiment trouver sa place.
Est-ce que tu aurais également un souvenir amer devenu drôle avec le temps ?
Pour la sortie des pâtes à tartiner, j’ai fait une cagnotte Ulule, et je n’avais pas assez bossé ma recette… Le goût était top, mais elle était dure …. J’étais dégoûtée, une pâte à tartiner qui ne se tartine pas… C’était horrible, sur l’étiquette, j’avais écrit « texture onctueuse »… Jusqu’au bout, ça me suivra ça.
Une petite anecdote pour la fin ?
Dans nos jeunes années, on était dans une collocation à Lyon, et avec des amis, on a voulu renommer le Rucher des Brosses. Dans un délire, le rucher a failli s’appeler « l’abeille cool » … Il doit toujours y avoir une page Facebook d’ailleurs.
Quel est ton miel préféré ?
Acacia Vanille
Ton produit dérivé favori ?
La pâte à tartiner amande chocolat, et la bière
Ton resto préféré ?
L’épicerie à La Borne !
Tes boutiques préférées à Bourges ?
Ma routine quand je viens à Bourges pour flaner c’est passer chez Quintescence, puis Intramuros et terminer par un latte chicoré chez Marion d’Artisane
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
Une production locale, un savoir-faire de passionnés, une récolte éthique, des produits authentiques et un travail en partenariat avec des artisans locaux et français … Avons-nous vraiment besoin d’en dire plus ? Piquée par son métier, comme Charles avant elle, Marine est rayonnante par sa bonne humeur et son implication dans son métier. Des idées plein la tête, des projets de développement, des envies de partenariats locaux, et toujours dans l’harmonie et le respect d’un véritable apiculteur récoltant. ON ADORE !!!
Interview réalisée dans la boutique du Rucher des Brosses
le 22/04/2023 avec la participation de Marine Royer
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