Le louis XI : Authentiquement familial !
Tout proche du teintement des cloches de la cathédrale, dans les rues pavées du vieux centre illuminé de bleu la nuit et reluisant au soleil le jour, le Louis XI est une adresse connue des gourmands qui se font un plaisir de la garder secrète, tellement les places sont rares et la viande délicieuse. Mais surtout ce qui vous fera savoir que vous êtes au bon endroit, en dehors des murs en pierre et de l’enseigne en lettre gothique, c’est la bonne humeur et les rires qui s’échappent de la cuisine pour égayer votre journée.
Alors, avant de commencer à parler de vous, pourquoi le Louis XI ?
Frédérique : En fait, ça c’est toujours appelé comme ça ! On a des actes depuis plus de 1800 avec ce nom, et on ne l’a jamais changé. Mais je ne suis pas là depuis 1800 ! Après, il y a sûrement eu une histoire entre Bourges et Louis XI du temps où il a vécu ici, mais je ne connais personne qui était là à ce moment pour vous en parler aujourd’hui.
On va commencer par la cheffe, racontez-nous votre parcours avant le Louis XI.
Frédérique : Rapidement, je suis native de Bourges, et avant d’arriver ici, je travaillais dans un centre pour handicapés mentaux. Ma maman a repris le restaurant en 1980, et pour des raisons familiales je suis arrivée un an après, en 1981 avec elle au restaurant. Je n’avais pas d’expérience en cuisine, je me suis formée seule avec l’aide de bouchers pour choisir et découper la viande, les cuissons, etc… C’étaient nos fournisseurs à ce moment-là, et avec ma maman, on souhaitait continuer le même concept que les anciens propriétaires, donc le choix de la viande était très important.
Et vous Armelle ?
Armelle : Avant le Louis XI, j’étais militaire basée en Afrique, et je suis revenue dans la région pour raison familiale.. C’est comme ça que je suis arrivée à Bourges, mais je n’avais pas de travail, je ne connaissais pas trop le coin, pas de contact… J’ai commencé par des extras, dont un pour le nouvel an, et je travaillais avec une fille qui s’est avérée être la serveuse de Frédérique. En fait, elle quittait le restaurant et m’a dit : « ma patronne cherche une serveuse, je pense que tu pourrais correspondre » et ça s’est fait comme ça. C’était il y a 15 ans, et c’est le seul restaurant dans lequel j’ai travaillé à Bourges.
Votre binôme a un réel impact sur les personnes qui viennent ici.
Frédérique : On aime l’ambiance et le côté familial que peut apporter le Louis XI et notre bonne humeur. C’est beaucoup plus agréable au quotidien. Il y a la clientèle de quartier le midi, vraiment typée centreville et de proximité, et la clientèle plus conviviale le soir, les familles, les amis, les couples…
Armelle : On aime les gens en général. C’est vrai que c’est important, on prend plaisir à recevoir. On a également de plus en plus de jeunes qui viennent pour se faire plaisir et manger de la viande différemment.

Comment se passe la vie de quartier dans le vieux centre-ville de Bourges ?
Frédérique : Il y a une super ambiance dans le quartier ! Il y a le Rez de chaussée qui est là depuis dix ans, la Pleine Lune depuis quinze ans, et le Gringo depuis cinq-six ans. On s’entend tous très bien, on finit régulièrement sur la terrasse de l’un ou de l’autre en fin de service. Il y a un très bon échange, même avec les autres commerçants hors restauration.
Maintenant, on va parler cuisine !
Frédérique : La spécialité ici, c’est la viande. On se fournit dans l’Allier, donc vraiment pas très loin. Même si la carte ne change pas beaucoup, on varie les pièces de viande, les sauces et les accompagnements selon les saisons. On fait nos préparations au fur et à mesure et surtout en fonction des saisons. Tout est grillé toute l’année, sauf l’hiver où nous proposons des plats en sauce. On s’est fait une bonne réputation sur notre côte de boeuf et la qualité de notre viande.
Et une carte de desserts maison !
Frédérique : Alors ça c’est un peu à l’instinct … Déjà, il y a des choses que l’on ne change pas comme le fondant au chocolat, on nous le réclame tout le temps, les crumbles, les profiteroles en hiver aussi. Sinon c’est en fonction des fruits de saison.
Une carte locale mais aussi ….
Armelle : On travaille beaucoup avec les vins locaux, des producteurs du coin, il y a largement de quoi faire ici. Et pour proposer des variantes à nos clients réguliers, on propose chaque mois un ou plusieurs vins différents qui eux sortent des vins de la région et amènent un peu de nouveauté. On met les vins en avant par rapport aux saisons aussi, des fois ça peut être du rosé ou un blanc en fonction de la saison et de la carte. Tous nos vins sont proposés en bouteille comme au verre, ça permet également au client de varier et d’adapter en fonction des plats et des goûts.
Il y a aussi quelques produits qui sortent de l’ordinaire. On a eu à la carte le Roi Boeuf, un vin qui en hiver se marie très bien avec les viandes rouges, ou le Cognac à la Poire Williams, qui change des digestifs habituels.
Donc beaucoup de choses simples mais faites maison, et toujours avec des partenaires locaux.
Frédérique : On est très fidèle, tant que l’échange est agréable et les produits de qualité, on continue. On travaille avec la Brasserie BOS depuis plus de 6 ans, pour le fromage, on essaye toujours de trouver en local, le crottin c’est un producteur qui vient nous livrer chaque semaine, les andouillettes viennent d’Issoudun…
Même s’il est difficile de trouver des articles en ligne, votre carte ou des articles sur le restaurant, vous êtes référencés par au moins trois guides reconnus.
Frédérique : Oh la la, c’est vieux ça parce que ça a commencé avec Jean-Luc Petitrenaud (chroniqueur gastronomique, animateur de radio et de télévision français qui présente de nombreuses émissions gastronomiques et culinaires).
Il s’est arrêté comme ça au restaurant, il s’en allait voir à l’époque Monsieur Philippe Larmat, et il a apprécié le restaurant. Ça a commencé comme ça, puis il nous a fait des articles, de la pub sur France Inter et puis après le Gault&Millau ça s’est enclenché naturellement . Ensuite pour les autres, on n’est pas au courant de tout, on sait juste qu’on est dans Le petit futé et Le Routard Châteaux de la Loire.
Le tourisme a beaucoup changé à ce niveau-là, on voit les gens regarder la carte, se mettre sur le trottoir d’en face, regarder sur leurs téléphones les notes. Il ne faut pas tout prendre en compte non plus. Certains avis sont vraiment méchants, et ça vous gâche la journée. C’est pour ça qu’on a n’a pas de site internet, pas de réseaux sociaux, et puis on a surtout pas le temps.
Le client le plus fidèle
Frédérique : On a un client qui a 95 ans et qui vient depuis 40 ans très régulièrement, il a ses habitudes, sa table.
L’anecdote du restaurant.
Frédérique : Avant les fenêtres étaient décorées comme des vitraux. Il y a un monsieur qui passait devant le restaurant depuis des années, avec sa femme tous les dimanches. Il s’est arrêté quelque temps plus tard, alors qu’il était veuf, pensant que c’était une « drôle de maison ». Manque de pot, c’était un resto !
Un moment insolite au Louis XI
Armelle : On a transformé le restaurant en bar de pôle dance ! Lors d’un Printemps de Bourges, on a reçu une table de représentants de chez Co…-…la. On a commencé à les taquiner pour avoir des verres Co…-….la, des blousons, des accessoires de bar. L’ambiance a été tellement chouette et le courant est bien passé, ils sont venus en fin de service avec des piquets de tente pour en faire des barres de pôle dance dans le restaurant qui est devenu une boîte de nuit. Depuis, on a eu les verres, quelques accessoires, et chaque année au PDB ils viennent manger.

T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
Le plus dur durant cette interview, c’est de ne pas avoir pu retranscrire les rires et la bonne humeur qui s’en sont dégagés à travers de simples mots. Mais pas d’inquiétude, cette ambiance est au rendez-vous chaque jour où les portes du restaurant sont ouvertes.
Certains membres de notre équipe se sont ensuite retrouvés au restaurant un soir pour prendre les photos qui agrémentent cet article, et c’est en sortant qu’une certaine magie opère. Vous repartez avec le sourire aux lèvres et le ventre bien rempli, mais surtout avec l’envie de vous perdre dans les rues paisibles au clair de lune, pour revisiter le centre-ville et prolonger cette aventure de quartier encore quelques instants.
Frédérique et Armelle n’ont pas la prétention d’une cuisine très élaborée et fantasque, mais la certitude de vous accueillir dans un cadre chaleureux et gourmand, ou l’échange et le contact humain sont omniprésents, au coin d’une table, en terrasse ou bien au chaud à l’intérieur, avec une bonne pièce de viande accompagnée d’un verre de vin.
Recommandé cinq étoiles par l’équipe de Tativu.
Interview réalisée dans le restaurant le Louis XI le 21/08/2023
avec la participation de Frédérique Durand et Armelle.
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