À la découverte de Philippe Baron : Peintre, Écrivain, et Conteur de Vie
Philippe Baron, c’est avant tout un passionné. Peintre inspiré et désormais écrivain, il nous embarque dans l’univers fascinant de ses œuvres, non seulement à travers ses pinceaux, mais aussi ses mots. Dans chaque tableau, une histoire, et dans chaque histoire, une bonne dose d’humour, de bienveillance, et des convictions bien affirmées ! Entièrement porté par le plaisir de créer, Philippe partage sans réserve son art et son amour du partage. Allez, enfilez vos chaussures d’aventurier, car cette rencontre avec un artiste bien de chez nous promet d’être aussi chaleureuse qu’enrichissante.
Pouvez-vous nous dire un peu plus sur vos origines ?
Je suis né à Paris il y a 62 ans et je suis diplômé de l’École supérieure Estienne, qui forme toujours, d’ailleurs, des directeurs artistiques dans la communication, la publicité. J’ai tous les diplômes : BTS, master, tout le bordel. J’ai commencé en agence à Paris, et après, très, très vite, je suis venu par ici. J’ai travaillé cinq ans dans un atelier, rue de la Monnaie, et je me suis mis à mon compte en 1993. J’ai donc travaillé pour de grandes entreprises locales.
Ce qui m’a donné envie de plonger dans le dessin, ce sont des copains qui étaient plus vieux que moi. J’ai très souvent eu des copains plus vieux que moi. Maintenant, c’est moi qui deviens plus vieux (rire). Et à l’époque, c’était en 1974… quelle décennie ! Ils étaient fous de Pink Floyd, toutes ces musiques que j’ai découvertes quand j’étais très jeune. Ils redessinaient des couvertures de petits bouquins sur Pink Floyd ou sur les Beatles. Et je me suis retrouvé avec une feuille de papier format raisin et des feutres marqueurs pour faire des posters que j’affichais sur les murs de ma chambre
Pourquoi avoir quitté Paris ?
J’ai connu mon épouse, qui était sur Sancerre, et je ne voulais pas rester à Paris. Je me suis dit à l’époque : un jour, la publicité, ce ne sera pas que des agences à Paris, ce sera partout. Et c’est le cas aujourd’hui. Chacun est en train de devenir en même temps son propre publicitaire. Je voulais apprendre le métier, aller au charbon. J’avais un esprit artisan. Le fait que j’ai connu mon épouse à l’époque, à Sancerre, a été pour moi un déclencheur pour partir. J’ai donc habité à Sancerre et négocié les 21 virages tous les jours entre Sancerre et Bourges pendant 16 ans tous les jours. Je me suis installé à Bourges en 2012.
Et comment est venue l’envie de vous lancer dans la peinture ?
La peinture est venue quand je suis arrivé à Sancerre en 88. Pas avant. Parce qu’avant l’arrivée des ordinateurs dans notre métier, on passait notre temps à dessiner du matin au soir. On avait des feutres et des marqueurs Pantone. L’odeur… C’était génial. On faisait des rushs toute la journée, on dessinait. Avec l’arrivée du numérique, au début des années 90, tout ça a disparu petit à petit. Tout ce que j’avais acquis en termes de technique, au feutre, à dessiner en permanence, à un moment donné, on se dit : mais je suis en train de le perdre, ce savoir-faire. Comme j’avais des endroits magnifiques autour de chez moi, à Sancerre, je faisais 500 mètres, j’avais la Loire, les vignes, la forêt… et c’est un bouquin qu’on m’avait offert sur les impressionnistes qui m’a donné le déclic. Là, je me suis dit : tiens, je vais y aller, je vais rattraper le coup avec la peinture puisque j’ai déjà des bases de dessin. Donc, je me suis lancé.
C’est le début d’une longue aventure ?
Je me suis retrouvé comme ça en pleine nature à la peindre. Petit à petit, on rentre dans des choses qui sont un peu plus… prégnantes. J’ai commencé à voir les choses changer avec le temps. Tout notre environnement, notamment les arbres. J’ai commencé à voir des feuilles à une époque, jusqu’au 1er décembre. J’ai commencé à voir la Loire changer…
Vous avez voulu montrer ces changements dans votre art ?
Oui et non. En fait, c’est ce que je raconte dans le deuxième bouquin qui sortira bientôt, ce que j’ai fait pendant des années. Je travaille chez moi, je suis à mon compte, en tant que graphiste indépendant. Et en fait, on a la chance de pouvoir écouter des émissions et la radio et des conférences à longueur de journée. On a tout loisir d’approfondir une thématique comme celle de l’environnement. J’ai entendu beaucoup de lanceurs d’arlerte, mais nous n’en sommes plus là. Le réchauffement climatique est un détail dans quelque chose de plus grand. Il ne s’agit pas de se faire l’apôtre de tel ou tel mouvement. Je laisse à d’autres, dont c’est le métier, d’ouvrir les consciences. Dans mes bouquins, un peu dans le deuxième, j’insère des petites touches de dérision par rapport à ça, mais ce n’est pas non plus le but. L’idée, c’est de raconter ma peinture dans ces livres. Entrevoir qu’il y avait toujours une histoire derrière un tableau.
Justement, en parallèle à cela, vous vous êtes lancé dans l’écriture : quel a été le déclic ?
C’était en 2017. Mon atelier faisait face à la cathédrale. Je la voyais tous les matins : elle est fantastique, avec des lumières extraordinaires. C’était différent tout le temps. Vous la voyez dans la brume, la neige, c’était incroyable. J’ai vécu face à la Cathédrale pendant quatre ans, de 2017 à 2021. J’ai tourné autour pendant un an. Je n’étais pas prêt. L’idée est venue comme ça. J’ai commencé à écrire. Au début, vous faites une page, vous avez tellement de choses à écrire, mais vous ne savez pas comment le dire. Alors ça vous prend trois heures pour aligner 300 mots. à force, comme pour tout, plus on en fait, plus ça vient. On se rend compte au final qu’on est en train d’apprendre le métier d’écrivain. C’est amusant, car on ressent la même sensation vis-à-vis de la découverte de son écriture que celle de sa propre peinture. Les deux se font avancer l’une et l’autre. Il y a une jouissance personnelle à partager un regard, en mettant le lecteur dans la peau d’un peintre. Parfois, on se déconnecte un peu de la réalité et on prend du recul, on fait un pas de côté, ce qui permet de mieux voir les choses, de les voir autrement.
Vous expliquez donc les histoires de vos peintures ?
Au fil des années, je me suis rendu compte que je me souvenais de ce qui s’était passé le jour de la création de telle ou telle peinture. C’est assez puissant. Dans quelques expositions où j’ai participé, je racontais aux visiteurs certaines anecdotes liées aux tableaux exposés. c’est là que j’ai senti tout l’intérêt de mes interlocuteurs, lorsqu’ils étaient projetés dans le paysage face à un chevalet.
La cathédrale de Bourges a donc été une grande inspiration ?
J’en ai fait 66, par tous les temps, toutes les lumières, la nuit, le matin. Je n’aime pas trop le terme inspiration, mais cette cathédrale a été un miroir dans lequel mon travail s’est réfléchi. Dans ma peinture, comme dans mon écriture, ce que je cherche à transmettre, c’est… Vous savez, quand on peint, on ne pense à rien, mais on pense à tellement de choses en même temps.
On la retrouve dans votre premier livre ?
Oui, il y a toute une série de cathédrales, toute la séquence. C’est presque un huis clos dans l’atelier. On trouve les pinceaux, l’eau, l’essence, le COVID qui est apparu à un moment donné… Tout y est comme si vous étiez dans votre propre atelier de peintre, avec Filomène, un personnage haut en couleur. Et le deuxième tome arrive très bientôt !
Où peut-on trouver vos tableaux ?
J’en dépose chez l’encadreur, rue Bourbonnoux, mais il va bientôt partir en retraite. Donc, je n’aurai bientôt plus de lieux particuliers où les déposer. J’aimerais donc faire des expositions dans Bourges. Je cherche des lieux qui ont du sens. J’aimerais faire connaître ma peinture et mes livres. Ce n’est pas pour en faire un commerce, je m’en fiche. Moi, ça me permet de continuer d’avancer. Vous voyez, je ne suis pas commerçant (rire). Et Bourges, capitale européenne de la culture. C’est un coup de projecteur énorme pour notre ville. C’est une opportunité pour moi, de raconter ma peinture berruyère, dans un bouillonnement de culture.
Quelle est votre vue sur la peinture d’aujourd’hui ?
J’évite de trop regarder ce qui se fait. Dans la publicité, on voit des images à longueur de journée, et en fait, j’ai besoin de rester dans mon sillon. Je vois des choses ici et là, mais je ne m’en nourrie pas. Chacun doit pouvoir s’exprimer. J’ai beaucoup aimé la dernière fresque réalisée sur la Maison de la Culture. Elle m’a touché parce qu’elle offre un regard très lucide sur notre immaturité face au virtuel, sur nous-mêmes. J’ai beaucoup aimé cette alégorie du miroir aux alouettes.
Aimeriez-vous enseigner votre art ?
J’aurais adoré ! Pas enseigner à proprement parler, mais j’aurais voulu faire ce que j’ai vécu à Estienne, où des enseignants formaient des esprits afin de mieux transmettre les outils de la création. La création vous appartient, c’est votre regard. Mais il y a des outils à transmettre.
Et que pensez-vous de l’intelligence artificielle qui arrive dans nos vies ?
L’intelligence artificielle est une avancée extraordinaire… En terme de créativité, elle a ses bons côtés et ses moins bons. L’important est de garder la main en tant qu’artiste ou auteur, ne pas tomber dans l’imposture. Quand je commence un livre, la première chose que je précise, c’est que je ne suis pas un robot. Par exemple, pour introduire le personnage de Bruce Springsteen dans la suite du premier tome, j’ai lu son autobiographie de 800 pages. Je n’ai pas demandé à ChatGPT de me compiler un résumé de la vie de l’artiste. Comme disait Claude Monet : « On ne peint bien que ce qu’on connaît bien ». Pour parler de quelque chose, il faut bien le connaître. L’IA ne peut offrir que de la cuisine sous-vide. Le chef étoilé, c’est vous.
Si on veut lire votre premier tome, où peut-on le trouver ?
On peut le trouver à la Poterne, chez Biffurcations, chez cultura et chez l’Amand’art rue Bourbonnoux.
Je suis négligent quant à la distribution de mes ouvrages, j’essaierai de faire mieux pour le deuxième tome qui s’intitule : « Il faut trouver l’arbre » et qui sort en fin d’année. J’en profite pour remercier ces libraires pour leurs encouragements après m’avoir lu.
Votre peintre préféré ?
Claude Monet
Écriture ou peinture?
Les deux, c’est devenu indissociable. Parce que ma peinture ne se suffit plus elle-même, il lui faut de l’écrit.
Auriez-vous fait autre chose que la peinture et l’écriture ?
Je ne sais pas, je ne pense pas.
T'as ti vu ce qu'en pense l'équipe ?
On a eu le privilège de se laisser emporter par les récits captivants de Philippe. Pour être honnêtes, on aurait pu rester des heures à l’écouter raconter ses histoires. Et après cette rencontre inspirante, on a filé se plonger dans le premier tome de son livre, La voisine d’en face. Son attachement pour Bourges et la région rayonne autant dans ses mots que sur ses toiles. Traversez son histoire en quelques pages… et qui sait, vous trouverez peut-être même un nouveau regard sur votre propre voisine d’en face !
Interview réalisée le 11/10/2024
avec la participation de Philippe Baron
Tous droits réservés à l’association Tativu